Le Mans 2023

MotoGP – « Bezz » gagne, « Pecco » et Marc chutent au Grand Prix de France

Marco « Bezz' » Bezzecchi (numéro 72, team privé Mooney VR46, Ducati) a indéniablement profité de la chute du numéro 1 et actuel leader du championnat MotoGP Francesco « Pecco » Bagnaia (Ducati) lors de la course longue du dimanche dernier (14 mai) au Mans (Grand Prix de France).

Bagnaia, vainqueur du Grand Prix précédent, en Espagne, et Bezz ayant chuté lors de celui-ci (lire notre compte-rendu), l’avantage du pilote Ducati officiel était clair (22 points d’avance sur Bezzecchi) en arrivant au Mans.

Le même « Bezz » s’est classé septième des qualifications samedi, tandis que Pecco a décroché la pole, battant l’octuple champion du monde Marc Marquez (Honda) de juste 0,058 seconde. Marc revenait d’une absence de trois Grand Prix après une blessure subie lors du premier GP de la saison, celui du Portugal, ou marc avait chuté et fait chuter plusieurs autres pilotes. Il a aussi échappé à une pénalité infligée à la suite de ce même GP du Portugal, grâce à un recours déposé par son team. Le troisième pilote sur la première ligne de la grille de départ était Luca Marini, le coéquipier de Marco Bezzecchi.

Bagnaia a pris un bon départ dans la course de samedi, et c’est Jorge Martin (team privé Pramac Ducati) qui a placé sa moto assez rapidement à la deuxième position. Il finira par dépasser le champion en titre et par remporter cette course. Jack Miller (KTM), 4ème sur la grille de départ et 3ème de la course au début, a chuté.

Brad Binder (KTM), parti de la dixième place mais très vite dans le top 5, a profité de la bataille entre Bagnaia et Marquez pour s’emparer de la deuxième position. Et Bagnaia a su résister aux assauts de Marc Marquez jusqu’à la fin, répliquant à chaque fois que le champion Honda plaçait un dépassement. Le numéro a fini par prendre assez de distance pour se trouver à l’abri et obtenir la troisième place, derrière Martin et Binder, tandis que Marquez a encore perdu un rang vers la fin, au profit de Luca Marini.

Le meilleur Français, Johann Zarco (coéquipier de Jorge Martin), a fini sixième, devant Marco Bezzecchi, tandis que Fabio Quartararo (Yamaha), le champion 2021, est tombé.

Le lendemain, c’est Marc Marquez qui a pris les commandes, avant de se les faire voler par Jack Miller, avec Bagnaia, un temps cinquième, qui a pu revenir en troisième position, devant Luca Marini. Puis Maverick Vinales (Aprilia) a réussi à dépasser Marini, tandis qu’une place derrière, Bezz postait le tour le plus rapide.

Et quelques virages plus loin, le drame: Vinales et Bagnaia se sont touchés, l’Aprilia du premier s’est mise à louvoyer violemment et a percuté la Ducati du second, et tous deux sont allés finir leur course dans le gravier! Les deux hommes, encore sous le coup de l’adrénaline, se sont mutuellement accusés, puis ils se sont calmés, et sont revenus au paddock en passagers sur le même scooter et se sont serré la main, signe qu’ils avaient compris que seule la fatalité avait oeuvré.

Cet « incident » a par contre permis à Bezz de prendre la quatrième place, derrière Marini, et devant Alex Marquez (team privé Gresini, Ducati). Puis, quelques autres virages encore, et un second drame: Marini perd l’avant de sa Ducati, la rattrappe du coude mais Alex Marquez est incapable d’éviter la Ducati du team VR46 et sa moto attrappe cette dernière par l’arrière. La course des deux pilotes s’arrête là, fort heureusement sans blessure, tandis que Bezz, qui a juste réussi à passer, se retrouve troisième!

Au huitième tour, Bezz a fait l’intérieur à Marc Marquez, mais a loupé ce faisant le point de corde et a élargi, « poussant » Marquez hors de la piste, tandis que Jorge Martin, en embuscade, en profite pour se faufiler derrière Martin et Miller. Et il récidive dans la chicane Dunlop et faisant l’intérieur à Jorge Martin.

La direction de course juge alors l’action de Bezz fautive et décide de le forcer à redonner une position. Ce qu’il fera de manière très propre quelques virages plus loin. Puis Martin a commis une petite erreur en prenant un virage trop large, et tant Bezz que Marquez ont pu le rattraper et le passer.

Le numéro 72 a assez vite pris la mesure de Jack Miller, et il a commencé à aligner les tours rapides, augmentant son avance sur ses poursuivants. « Thriller » Miller a alors commencé à ressentir l’usure de ses pneus, et il s’est fait passer successivement par Marc Marquez, Jorge Martin, Johann Zarco, avec dans son sillage le champion Moto2 en titre, Augusto Fernandez (GasGas), puis pour finir Aleix Espargaro (Aprilia).

A sept tour de la fin, Jorge Martin a porté sa première attaque sur Marc Marquez, qui a immédiatement répliqué. Ce « jeu » a continué jusqu’à deux tours avant la fin, où le pilote Ducati a enfin pu placer une attaque décisive, et où Marc Marquez a perdu l’adhérence en voulant resserrer son virage.

Pendant ce temps, Bezz continuait à gérer son avance. Il a franchi la ligne d’arrivée avec plus de 4 secondes d’avance sur le duo Martin-Zarco. Ce qui a tout de même permis à un Français, Johann Zarco, de monter sur le podium du Grand Prix de France.

On salut l’excellente course d’Augusto Fernandez, rookie en MotoGP, quatrième de ce Grand Prix, à un peu moins de deux secondes de Zarco, qui est resté devant Aleix Espargaro. Brad Binder, à une bonne distance d’Espargaro, en raison notamment d’une pénalité Long Lap qui lui a été infligée pour avoir pris un « raccourci » dans une chicane après avoir dépassé Miller et avoir loupé son freinage, était le pilote KTM le mieux placé. Miller a en effet chuté à trois tours de la fin.

Le second Français, Quartararo, a terminé septième. Takaaki Nakagami, 9ème derrière Fabio DiGiannantonio (Gresini, Ducati) et devant Franco Morbidelli (Yamaha), est le meilleur pilote Honda (Joan Mir et Alex Rins sont en effet tombés).

Pour les résultats complets de ce Grand Prix de France en MotoGP, c’est par ici.

Au championnat, Bezz est remonté à un point de Pecco Bagnaia, et Binder est toujours troisième, douze points derrière Bezz, mais seulement un point devant Martin.

Crash d’Acosta en Moto2

En Moto2, le vétéran britannique Sam Lowes (team Elf Marc VDS, châssis Kalex) s’est adjugé la pole, devant Alonso Lopez (Lightech Speedup, châssis Boscoscuro) et Tony Arbolino (Elf Marc VDS).

Arbolino et Lopez ont bataillé pour les commandes de la course dans le premier tour, puis Lowes, troisième, a chuté, et quelques secondes plus tard, un crash collectif spectaculaire impliquant Albert Arenas, Manuel Gonzalez et Aron Canet.

Les drapeaux rouges ont été sortis et la course a été interrompue pour laisser le temps au personnel médical et aux marshalls de mettre les pilotes en sécurité et de faire déblayer les débris de la piste et les motos du bac à gravier.

Et pendant que Sam Lowes passait un rapide contrôle médical et était déclaré ok, son team était au travail contre la montre pour réparer sa moto. On rappelle qu’en Moto2, contrairement au MotoGP, chaque pilote n’a droit qu’à une moto. La machine a pu être réparée, mais elle est arrivé à la sortie du paddock juste une seconde trop tard pour pouvoir participer au tour de chauffe avant le nouveau départ. Lowes a donc dû partir du fond de la grille de départ.

C’est encore une fois Arbolino qui a pris le meilleur départ, suivi par Lopez, par Pedro Acosta (team Red Bull KTM Ajo, Kalex, le rival d’Arbolino pour le titre) et Filip Salac (QJ Motor Gresini/Kalex).

Acosta a pu passer Lopez et a tenté de rejoindre Arbolino, sans succès. Puis il a commis l’irréparable en chutant à 10 tours de la fin. Salac a pris l’avantage sur Lopez et s’est rapproché du leader, mais ce dernier a réussi à stabiliser la situation et à remporter la course.

Pour les résultats complets en Moto2, c’est par ici. Arbolino devance à présent Acosta de 25 points et Lopez est troisième, avec un point de plus que Salac.

Et en Moto3 …

Ayumu Sasaki (Liqui Moly Husqvarna Intact GP) a décroché la pole au Mans, devant Diogo Moreira (MT Helmets MSI, KTM) et le leader du championnat Daniel Holgado (Red Bull KTM Tech 3, KTM).

Au premier tour, Holgado a pu mener le train de tête, devant Sasaki, Moreira et Deniz Öncü (Red Bull KTM Ajo, KTM).

Ses poursuivants ont attendu neuf tour avant la fin pour se jeter dans l’action, Sasaki dévoilant ses cartes en attaquant Holgado. Mais il n’a pas réussi à conserver la première place, très vite reprise par son adversaire. Puis Jaume Masia (Leopard, Honda) s’est brièvement emparé de la deuxième place, tandis que Holgado a ouvert l’accélérateur en grand pour les trois derniers tours.

Sasaki a pu reprendre son bien, mais il était trop loin pour défaire Holgado, qui s’est imposé, avec Masia troisième. Moreira était entre-temps tombé. Ivan Ortola (Angelus MTA, KTM), le vainqueur des deus GP précédents, était quatrième.

Pour les résultats complets en Moto3, c’est par ici.

Holgado a à présent 84 points, et Ortola 63, à égalité avec Masia.

Podium pour le Suisse Krummenacher en MotoE

Pour le tout premier round du championnat mondial électrique MotoE (ce n’est plus seulement une coupe mondiale, mais un championnat), 17 pilotes étaient présents au Mans, dont un Suisse, Randy Krummenacher, le champion du monde Supersport 2019.

Et pour cette nouvelle saison MotoE, un nouveau constructeur fournit les motos, et pas des moindres: Ducati.

L’Italien Matteo Ferrari, premier vainqueur de la coupe MotoE en 2019 (lui aussi), s’est adjugé la pole vendredi pour le team Felo Gresini, devant Hector Garzo (Dynavolt Intact GP) et Jordi Torres (Openbank Aspar). Krummenacher, coéquipier de Garzo, avait obtenu le 4ème temps.

Ferrari et Garzo se sont battus pour le lead de la course 1, samedi, mais Ferrari a chuté, laissant Garzo mener la course, puis lutter avec Torres dans les derniers tours. Le second a eu le dessus.

Du fait notamment de chutes durant la course, Krummenacher, qui avait perdu quelques places dans les premiers tours, a pu revenir et décrocher la troisième position sur le podium.

Ferrari s’est rattrapé dans la seconde course, le même jour. Malgré l’exécution d’une pénalité Long Lap qu’il avait récolté pour avoir chuté dans la course 1 alors que les drapeaux jaunes étaient brandis, l’Italien a pu prendre la tête devant un Jordi Torres impuissant jusqu’au bout. Garzo a pris cette fois-ci la troisième place sur le podium.

Le Suisse Krummenacher n’a pas pu se maintenir en quatrième position, et il a perdu des places durant la course. Il finit septième.

Pour les résultats complets de ce Grand Prix en MotoE, c’est par ici. Torres mène le championnat, devant Garzo et Ferrari, et Krummenacher est 4ème.

Les pilotes des quatre catégories ont à présent rendez-vous le 11 juin prochain en Italie, au Mugello.