Au guidon du Yamaha Booster sur les pistes cyclables et dans les ruelles d’Amsterdam
Ce n’est pas exactement un scooter, mais un vélo électrique, disponible en deux variantes, le Booster (jusqu’à 45 km/h) et le Booster Easy (25 km/h). Les deux sont des engins faciles à utiliser et parfaitement adaptés aux déplacements urbains. Et les accessoires disponibles permettent de les transformer en mules quotidiennes.
Chez Yamaha Europe, on en est convaincu, le vélo électrique rapide (jusqu’à 45 km/h) est l’avenir de la mobilité urbaine, voire péri-urbaine. Et pour nous en convaincre, la marque aux trois diapasons nous a conviés à Amsterdam pour essayer les nouveaux Yamaha Booster.
Rien d’étonnant à cela, le siège de Yamaha Europe se trouve justement dans la ville hollandaise, et cette dernière est un véritable paradis du cyclisme, avec sa platitude incomparable et ses nombreuses voies dédiées aux vélos en tous genre.
La première chose qui nous attendait à notre arrivée à l’hôtel était un casque de vélo, de la marque suisse iXS – propriété du groupe suisse hostettler, qui est aussi l’importateur suisse de Yamaha. Mais un casque vélo du type renforcé, parce que la loi hollandaise l’impose pour les vélos électriques rapides, qu’on appelle aussi des « S-pédélec » (pour « Speed pédélec », ou pédélec rapide, dans un joyeux mélange d’anglais et de français).
Par rapport à un casque de vélo standard, la mousse est plus épaisse et les aérations sont plus restreintes. La fermeture est magnétique, et il est assez confortable. Ca tombe bien, il va faire chaud et beau demain, lors du test du Booster dans les rues de la ville néerlandaise et sur les routes de son agglomération.
Par souci de sécurité, j’ai tout de même pris une veste de moto, avec des coques de protection, mais ultra-aérée. Et de bonnes chaussures, renforcées elles aussi. Pour le pantalon, j’ai peut-être exagéré, en emmenant dans mes bagages un jeans moto. Rien de tout cela – à part le casque – n’est exigé par la loi en Hollande. Et les gants (iXS eux aussi) sont des gants de cycliste.
Avant de découvrir le parcours concocté par Yamaha, nous avons droit à une présentation « psychédélique » du Booster à l’hôtel. La marque japonaise a en effet choisi des décors graphiques aux couleurs vives pour mettre en avant son nouveau deux-roues. Histoire de souligner le côté cool et jeune et branché de l’engin, sans aucun doute.
Il est vrai que dans les couleurs proposées, soit bleu électrique clair (Aqua) ou gris sombre bien brillant avec des touches de bleu roi (Tech Graphite), il ne passe pas du tout inaperçu. Et le cadre ajouré renforce cet effet visuel.
On précise avant toute autre chose qu’il existe deux versions de cette e-bike. La version rapide, le S-pédélec, qui s’appelle le Booster, et le Booster Easy, qui est un e-bike, soit un vélo électrique « lent » (on dit aussi pédélec). Il ne dépasse pas 25 km/h, même avec l’assistance électrique au pédalage.
Extérieurement, on distingue les deux par le nom peint sur le cadre, mais aussi par la présence, sur le Booster, d’un rétroviseur à gauche du guidon et d’un écran TFT en couleur au centre du même guidon, pour avoir l’indication de la charge restante dans la batterie, de la vitesse, du kilométrage parcouru, de l’heure, etc.
Ce tableau de bord peut servir pour la connectivité avec les smartphones.
Sur le Booster Easy, ces indications sont concentrées sur un petit LCD à caractères noirs-bleus sur fond gris, qui est placé sur la partie gauche du guidon. Il donne en substance les mêmes infos, mais de manière moins visible.
En cherchant bien, on s’aperçoit encore que les freins sont différents. Des étriers à 2 pistons mordent les disques métalliques du Booster, alors qu’il n’ont qu’un piston sur le Booster Easy. Et l’éclairage avant est un peu plus puissant sur la version rapide du Booster.
Ah, et s’il y a un vrai klaxon sur le Booster, le Booster Easy est juste équipé d’une sonnette. Et même chose pour le feu stop et la plaque d’immatriculation, qui sont des attributs exclusifs du Booster mais sont absents du Booster Easy.
Sinon les deux machines ont droit au même cadre en aluminium en forme du U, aux mêmes pneus de 20 x 4 pouces, à la même fourche télescopique à l’avant, à la même selle réglable en hauteur, au même porte-bagage, à la même transmission et bien entendu aux mêmes pédales.
Le moteur d’assistance au pédalage est configuré de manière différente sur les deux versions, afin de donner moins de puissance au Booster Easy.
Le lendemain, c’est parti pour une douzaine de kilomètres en direction du nord, au guidon du Booster, version rapide. J’ai demandé à ce que ma monture soit équipée du panier arrière optionnel, avec son sac étanche indépendant, et j’y glisse mon sac à dos. Encore un petit coup de clé pour baisser la selle presque au maximum, et ce sont les premiers coups de pédale, sur la piste cyclable qui court en parallèle de l’artère passante où se trouve notre hôtel (il donne sur la « Wibautsraat »).
On se rend très vite compte que tout ici est organisé pour faciliter les déplacements des cyclistes. Il y a des pistes dédiées, des feux spécifiques, et l’on est séparé à la fois du reste du trafic et des piétons.
De plus, on sent clairement qu’il est normal pour les Amsterdamois et Amsterdamoises de laisser passer les vélos quand c’est leur tour. Cela fait partie de la culture locale. Et de fait, en dépit de flux de circulation tout de même assez intenses – nous sommes en semaine –, tout se passe de manière ordonnée et calme.
Nous avons réglé le mode de pilotage du Booster sur automatique (on peut aussi choisir deux modes économiques, un mode standard et un mode « High »). Cela veut dire qu’on a la réponse standard dans l’assistance au pédalage, mais que l’électronique du vélo est capable de détecter une montée ou une descente, et d’appuyer la poussée ou au contraire de la soulager. Ce qui, en montée, vous fait faire moins d’effort, et en descente, permet d’économiser la charge des batteries.
Les gros (larges et hauts) pneus du Booster se combinent avec un guidon assez haut pour donner une direction très agile. Cet engin est à classer dans la catégorie des vélos dits « Fat Tyre ». Ce qui est juste une version anglais de pneu large et haut.
Ces pneus ajoutent une bonne dose d’amortissement sur les routes et les pistes de la ville hollandaise. La fourche à l’avant fait aussi son job, mais elle a un débattement limité. Et à l’arrière, il n’y a pas d’autre amortisseur, c’est le cadre qui fait tout. Avec le pneu.
Le résultat est tout à fait confortable si on adopte une attitude de balade. En voulant aller plus vite dans ses changements de direction à bonne vitesse, ça peu devenir un peu flou ou nerveux au niveau de la direction. Ou plus exactement on a l’impression que le Booster s’incline d’un coup et que le guidon n’est pas très bien vissé sur la trajectoire.
Ce n’est qu’une impression, parce que les roues de 20 pouces de diamètre gardent bien la trajectoire. Et nous n’avons pas une montagne d’expérience avec des e-bikes ou des s-pédélecs.
En contre-partie de cette sensation de nervosité relative, on fait tous les entrechats que l’on veut à basse vitesse, et sans effort.
La selle, elle, est dans la moyenne des selles de vélo. Pour nos fesses habituées à une plus large surface sur une moto, cela devient un peu dur au bout de quelques dizaines de kilomètres.
Le système de « vitesses » dont sont équipés le Booster et le Booster Easy est particulièrement intuitif et il offre une aide appréciable. Pour choisir un rapport plus grand, on tourne vers soi la poignée droite du guidon, et pour choisir un rapport plus petit, on fait le contraire.
Le passage d’un rapport à un autre se fait de manière fluide. Mécaniquement, cela s’effectue par glissement, mais il y a plusieurs « crans » perceptibles qui font qu’une fois que l’on a choisi un rapport, il reste « enclenché ». Ce n’est donc pas un système de variateur, c’est beaucoup plus simple, plus léger, et tout aussi effectif.
Au passage, on remarque que le cadre du Booster est semblable à celui qui se trouve sur les e-bike les plus récentes de marque Fantic. La seule différence notable est que sur les Yamaha, le pack de batteries est placé sous la selle, alors que sur les Fantic il se trouve sur le longeron avant.
Le petit moteur électrique Yamaha, le PW S2, et le système de vitesse (de marque Enviolo) sont aussi utilisés sur les Fantic. C’est assez logique, car Yamaha et Fantic partagent aujourd’hui pas mal de choses, dont les moteurs Yamaha pour les vélos et motos Fantic.
Ce petit moteur donnant l’assistance au pédalage délivre 75 Nm de couple. Ce qui est pas mal du tout, pour un vélo qui pèse quelque 36 kilos, auquel s’ajoute le poids du cycliste, et le poids des objets pris en plus dans les différents paniers, sacoches et sacs.
Le total ne doit pas dépasser 160 kilos, selon Yamaha. Ce qui, pour un vélocipédiste de corpulence moyenne (disons par exemple 80 kg), laisse tout de même quelque 44 kilos de chargement possible. On peut faire pas mal de chose avec cette marge de poids.
Dans la liste des accessoires d’ores et déjà disponibles pour le Booster et le Booster Easy, on trouve de fait le panier arrière évoqué ci-dessus, qui prend place sur le grand porte-bagage arrière et s’y visse de manière ingénieuse, plus un panier avant, et des sacoches latérales.
Mais revenons à notre pédalage dans les rues du grand Amsterdam. Nous atteignons sans effort, ou presque, une vitesse de 30-35 km/h. Pour les derniers 10 km/h, on n’a pas d’augmentation sensible du couple à disposition, et il faut donc faire la différence à la force et surtout à la vitesse des jambes du pédaleur. On n’ira pas faire une route de col avec ce S-pédélec, mais pour la ville, c’est plus que suffisant.
On peut aussi désactiver complètement l’assistance. Dans ce cas, on se retrouve avec un vélo qui n’est pas parmi les plus légers, mais qui n’est pas non plus exagérément lourd. Et quand on pousse le Booster en marchant, un petit bouton sur les commandes au guidon permet d’avoir une petite poussée additionnelle au pas. Yamaha semble avoir pensé à tout!
Avant d’arriver à notre point lunch et de changer pour le Booster Easy, nous testons encore un peu les freins. Le frein avant est plutôt doux et progressif, et son cousin à l’arrière plutôt brusque. Mais à 40 km/h, il n’y a pas de quoi fouetter un chat sur un polder hollandais. Nous n’avons pas testé sur une route mouillée.
Dans notre expérience, on a de quoi s’arrêter en une distance minimale. Et si on pile sur les freins, la roue arrière ne finit par se lever du sol que de quelques centimètres. Rien de dangereux.
L’après-midi, nous grimpons en selle du Booster Easy. Le panier avec le sac étanche a simplement été transféré sur la seconde e-bike.
Etonnamment, à part le fait que la vitesse est limitée à 25 km/h, on n’a pas l’impression d’avoir moins de couple ou de puissance à disposition. La preuve que l’e-kit Yamaha, sa gestion électronique et le système de vitesses Enviolo sont bien calibrés pour chacun des deux sous-modèles.
Tout aussi étonnamment, on ne ressent pas de différence intuitive du côté du freinage, alors que le nombre d’étriers est divisé par deux. Le Booster Easy n’est que marginalement moins lourd, mais la répartition du freinage sur un seul étrier, aux vitesses auxquelles nous roulons, ne fait qu’une différence marginale elle aussi. Du moins pour la personne qui conduit l’e-bike.
En Hollande, il y a certaines pistes cyclables et certaines rues et allées qui sont autorisées si on roule avec une e-bike limité à 25 km/h, mais pas si l’on est au guidon d’un S-pédélec. Notre roulage de l’après-midi nous mène dans des coins et recoins du centre-ville d’Amsterdam dont nous ne soupçonnions pas l’existence. Normal, la dernière fois, nous étions au guidon d’une moto de 125 cm3 (lire notre essai de la moto Yamaha XSR 125).
Ce qui est hallucinant, c’est la densité et diversité du trafic cycliste dans ce centre-ville. Avec aussi des vagues de piétons de toutes sortes. Ca va dans tous les sens et il faut vraiment être attentif. Il y a encore quelques motos, scooters, voitures, et vans de livraison qui viennent compliquer ce tableau déjà assez embrouillé.
Avant un dernier shooting photo incontournable sur les ruelles bordant les célèbres canaux, nous avons droit à une pause Coca dans une guinguette au centre du vaste parc public appelé « Vondelpark », qui se trouve non loin du célèbre Rijksmuseum (musée des Beaux-Arts). Nous parquons notre flottille de Booster Easy dans l’herbe, et chargeons l’une d’entre nous de la surveiller.
Il n’y a pas de bloque-roues d’origine sur les Booster. Et c’est presque dommage, parce que le look branché de l’engin va probablement l’exposer à la convoitise de gens mal intentionnés. On peut se débrouiller en achetant une chaîne, mais il faut qu’elle soit de bon diamètre.
L’autonomie indiquée par les petits ordinateurs de bord de nos Booster de test était proche des 100 km après quelques kilomètres. Selon leur constructeur, elle oscille pour le Booster rapide entre 60 et 110 km, et pour son pendant Booster Easy, entre 80 et 120 km. Tout dépend du mode de conduite choisi, de la déclivité, du poids du cycliste, des bagages emportés, voire peut-être de la température ambiante …
Pour recharger, il faut brancher le pack de batteries sur une prise secteur normale. On peut le faire sur place, ou désolidariser le pack du vélo et emporter les batteries chez soi ou à son travail.
Il y a une lanière de portage qui facilite la tâche. Yamaha ne donne pas d’indication sur la durée d’une recharge complète. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut avoir un chargeur, qui est fourni avec le Booster, et qui est d’une taille raisonnable.
Reste à expliquer le nom, « Booster ». Certains s’en souviennent peut-être, c’était un petit scooter Yamaha à moteur 2-temps, créé en 1985, qui avait des pneus larges (mais de faible diamètre), une petite cylindrée, était fun, très agile et parfait pour aller à la plage. Son nom chez Yamaha était le BW, pour Big Wheels (grosses roues), et la version MBK (la marque française inféodée à Yamaha) s’appelait Booster, justement.
Ce petit scooter a été produit au début avec en tête les marchés japonais et américain. Mais il a connu le plus de succès en Europe. Il n’a plus été produit après 2017, mais s’est écoulé à pas moins de 1,147 million d’unités entre 1990 et cette date!
La version contemporaine du Booster est quant à elle produite en Europe. Pour l’instant, en Italie, dans l’usine Motori Minarelli, qui a été cédée par Yamaha à la marque italienne Fantic. Et peut-être dans un proche avenir aussi dans l’usine ex-MBK (devenue Yamaha) en France.
Le Booster et son cousin Booster Easy seront disponibles en Suisse dès le mois de juillet 2023, tous deux dans deux couleurs: « Aqua », ou « Tech Graphite ». Le premier à 3899 francs, le second pour 3499 francs.
En Suisse, il faut un casque de vélo (au minimum) pour conduire le Booster, pas obligatoirement pour rouler au guidon du Booster Easy. Et les deux e-bike peuvent emprunter les pistes cyclables, et il n’est nul besoin d’un permis de conduire.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site web de l’importateur suisse de Yamaha, ou vous adresser à nos partenaires de notre Annuaire suisse des pros de la moto, hostettler moto à Sion ou à Marly (FR), Chevalley Motos à Saint-Légier (VD), MCM Moto à Lausanne, Facchinetti Motos à Crissier (VD), Moto Bolle à Morges (VD), ou Badan Motos à Genève.