Course de club

Bryan Leu roi de la course de côte de Verbois, même sans les slick!

Le Genevois Bryan Leu reste décidément le roi de la célèbre course de côte genevoise de Verbois. C’est lui qui détient le dernier record de cette montée, en un peu plus de 43 secondes (43’87, en 2022). Et c’est lui qui remporte le classement de sa catégorie, année après année, au guidon de sa Yamaha ZYF-R1 bien préparée, et malgré une concurrence bien affûtée.

Lors de la dernière édition (2022), ce record de Leu avait moins fait les gros titres de la presse locale et spécialisée que la menace qui planait sur cette course, une pétition demandant son interdiction. Pétition qui avait été contre-balancée par une contre-pétition en faveur de la manifestation, qui avait recueilli un maximum de signatures et avait atteint son but au parlement du canton (lire notre article).

Cette année-ci (2023), pour la 67ème édition de la course, on est revenu à l’actualité sportive. Quelque 145 pilotes se sont inscrits pour faire la montée aux six virages, entre le bas du barrage de Verbois et l’arrivée à la station-service de Russin. Un très bon chiffre.

Le samedi, la météo était par contre plutôt maussade, avec des températures pas très élevées et de petites averses au menu. Le public s’est donc montré tout d’abord assez clairsemé.

Pour les pilotes, il fallait rouler sur des oeufs, les conditions d’adhérence variant presque d’une seconde à l’autre, et n’étant en général pas très encourageantes. Bryan Leu lui-même s’est laissé prendre et a chuté (sans gravité) lors de la deuxième manche chronométrée.

C’est tout de même lui qui a signé le meilleur temps de sa catégorie, lors de la 4ème manche, avec un temps de 45’20 secondes. Et il devançait comme chacune de ces dernières années Grégory Monaya (Yamaha YZF-R1, 46’24), qui venait d’être couronné vice-champion en Promosport 1000 français, mais qui n’a pas pu faire mieux que son adversaire.

Le troisième homme était encore une fois Bernard Bally, au guidon d’une nouvelle Honda CBR 1000 RR-R Fireblade. Il a pu faire la montée en 46’36.

De manière générale, tout le monde, y compris Bryan Leu, était nettement plus lent pour ces montées du samedi que lors des éditions précédentes de la course. Normal, au vu des conditions d’adhérence de la « piste ».

Parmi les moins de 750 cm3, le plus rapide de l’année précédente, Benoît Petter (Triumph Daytona R) a pu défendre sa place face aux assauts de Vincent Droz (Yamaha YZF-R6), malgré une chute qui l’a fait « zapper » les deux premières manches. Son résultat final: 46’82, contre 47’48 pour Droz. Anouck Borne (Suzuki GSX-S 750), la plus rapide parmi les pilotes féminines, est arrivée troisième, avec un temps de 49’05.

Et en moins de 550 cm3, Sébastien Pidoux a une fois encore signé le meilleur temps au guidon de sa « Blue Moto », en 47’04. Il a devancé Bryan Chuat et Dylan Alleman (alias ZoOko), tous deux en plus de 48′, sur des KTM SMR 450.

Pour ce qui est des side-cars, la paire Alain et Jeremy Zurcher (side Zedem) a été la rapide dans les side-cars courts, avec un temps de 55’02. Et l’attelage composé d’Yvab Vittoz et Ewen Guilbaud ((LCR 1000) est monté le plus vite (46’83!) parmi les side-cars longs. Pas très loin des temps sur route sèche des cadors comme Leu, Monaya ou Bally.

Quelques machines anciennes, pilotées par des membres du club et concourant dans leur propre catégorie pour la plupart, étaient aussi sur le « piste » samedi. Dont la Moto Guzzi Le Mans de Torben Huthmann, qui a fait un joli temps, au vu des circonstances: 51’29.

Notre reporter ActuMoto Miguel s’était inscrit à la course, pour la première fois de sa vie de motard. Il était aux commandes d’une magnifique Honda Hornet 900 customisée en Café Racer et prêtée par le garage genevois Motosport.

Il a pu effectuer deux montées d’essai, améliorant son chrono de manière progressive. Puis encore une montée, celle de la première manche, effectuée en 1:04’55 minute. Un peu plus lent que le dernier essai, qui était en 1:00’55.

Lors de la deuxième manche, après la pause de midi, Miguel s’est senti en confiance. Il a ouvert la poignée des gaz et semblait parti pour descendre sous la barre symbolique de la minute. Mais un changement d’adhérence soudain dans le tout dernier virage a fait dériver son pneu arrière vers la gauche.

Surpris, notre journaliste n’a rien pu faire quand la roue arrière a repris sa traction sur le bitume glissant. La Honda l’a gratifié d’une « raquette », le propulsant par dessus le guidon. Ce qu’en langage de course on appelle un high side. Le pilote n’avait heureusement rien de cassé. Il a redressé la Hornet, et a pu rallier la ligne d’arrivée avec le moteur, signant un temps évidemment très élevé – le chronomètre ne s’était pas arrêté.

De retour au paddock au pied du barrage, il a fallu constater que la machine était endommagée et ne pourrait plus refaire une montée la même journée, car la poignée des gaz, une fois tournée à fond, ne revenait pas à son point de départ quand on cessait de la tourner!

Une belle « beugne » dans le réservoir sculptural de la Honda était aussi apparue, de même que plusieurs autres petits dégâts. Le lendemain, les magiciens de Motosport réussissaient à remettre en état de courir (sans faire courir de risque au pilote) ce somptueux Café Racer.

La journée de dimanche a été nettement plus agréable pour ce qui est de la météo, avec du soleil, et une belle chaleur malgré un petit vent d’automne. Le public a fort logiquement été bien plus nombreux.

« Nous ne pouvons pas être très précis, parce que l’entrée est libre et que nous ne comptons pas le nombre de visiteurs, explique Raphaël Coudray, membre du club organisateur, le Norton Sport Club Genève. Mais je dirais qu’il y avait au moins autant de monde dimanche que lors des éditions précédentes, probablement quelque chose comme 5000 personnes tout compris. »

Le comité d’organisation, qui s’est renouvelé pour cette 67ème édition, a introduit quelques petits changements, dont l’adoption d’assiettes et de couverts ré-utilisables. Une obligation pour toutes les manifestations publiques à Genève, d’ici 2025.

Et comme chaque année, un village d’exposants était là pour montrer au public les différents modèles de motos ou d’équipements moto présents sur le marché, ou pour donner des infos sur tel ou tel service, manifestation ou association.

Votre média moto préféré était bien sûr l’un de ces exposants, et il partageait son stand avec le magazine papier frère Moto Sport Suisse et avec la Rétro Moto Internationale de Saint-Cergue, dont la prochaine édition est prévue le 15 juin 2024.

Claude Hauser, un amateur de machines de course historiques, nous avait prêté pour l’occasion sa Replica de la Yamaha YZR500 du pilote français Olivier Jacque. Une moto exceptionnelle propulsée par un moteur V4 2-temps délivrant la bagatelle de 161 chevaux, pour seulement 145 kilos.

Avec les températures plus clémentes et la route sèche, les temps ont drastiquement diminué. Le classement non officiel des manches du deuxième jour se jouait comme d’habitude non plus par catégorie, mais toutes catégories confondues.

Et ce sont donc les trois ténors des plus de 750 cm3 qui se sont à nouveau placés aux avant-postes. Bryan Leu a fait parler la poudre en descendant sous les 44 secondes dès la première montée comptant comme une manche, avec un temps de 43’97. Seulement un dixième de seconde plus lent que le record qu’il avait lui-même établi une année auparavant!

Il a réitéré le même temps lors de la Superpole, qui réunissait les dix concurrents les plus rapides et était programmée l’après-midi entre la deuxième et la troisième manches. En deuxième position, on trouvait Bernard Bally, qui brûlait la politesse, pour une fois, à Grégory Monaya, troisième.

« C’est la toute première fois que j’arrive à descendre en dessous des 45, s’étonnait le même Bernard Bally dans le paddock dimanche, entre deux montées. » Il a en effet réussi déjà à la première manche un 44’90 plus que respectable, et il n’a par la suite pas fait une seule montée en 45 secondes ou plus. Il a obtenu son meilleur temps de la journée à la troisième et avant-dernière manche: 44’47!

Monaya a insisté dans la 4ème manche, à laquelle de nombreux pilotes ont décidé de ne pas prendre part, et il a pu encore améliorer son chrono, descendant à 44’55. Mais ce n’était pas suffisant pour reprendre l’avantage sur Bally.

Tous les concurrents et concurrentes devaient faire les montées avec des pneus « route », les slick étant pour la première fois interdits. « Je n’ai pas vraiment senti la différence », commentait à chaud dimanche Bryan Leu.

« La partie du tracé où je perdais le plus de temps sur Bryan Leu et Bernard Bally, c’était au départ, analysait pour sa part Monaya. Mon Launch Control n’a que deux réglages possibles, et aucun des deux ne me convient. Si j’avais la possibilité de changer ça, je suis presque certain de gagner au moins une seconde! » Ce qui voudrait dire: enfin battre Bryan Leu!

Des pilotes sur des motos moins puissantes ont malgré tout réussi à se hisser dans le top dix de cette seconde journée. C’est le cas des deux rivaux Benoît Petter et Vincent Droz, mais aussi de Sébastien Pidoux. Le premier a réussi 45’99 lors de la deuxième manche, tandis que le deuxième a pu descendre jusqu’à 46’19 dans la cinquième montée (la 4ème manche). Et Pidoux, lui, a signé un très bon 46’06.

Mais Hervé Gantner a pu faire mieux que ces deux pilotes, avec un meilleur temps de 45’86 qui l’a placé sixième. IL est vrai qu’il pilotait une machine d’exception, une KTM RC8c, un modèle uniquement destiné à la piste, utilisant le moteur bicylindre de la Duke 890 R dans un châssis spécial et avec un carénage intégral, et dont seulement quelques centaines d’exemplaires ont été produits.

Hervé Gantner: « C’est un châssis extraordinaire, oui, mais c’est presque trop pour une course comme Verbois. Et il faudrait un peu plus de temps et d’expérience pour en tirer vraiment parti. Ce n’est que la deuxième fois que je peux la piloter. »

L’attelage (side-car long) piloté par Yvan Vittoz (LCR 1000) a réalisé un excellent temps de 45’70, ce qui le place en cinquième position, derrière Vincent Gysler et sa Honda Fireblade. On note aussi la performance du pilote genevois Bryan Chuat, qui a fait 46’64 avec une Yamaha R1, et qui, lors de la Superpole, a troqué cette dernière contre une KTM SMR 450 et a claqué un 47’08!

Quant à notre Miguel, un peu échaudé par ses aventures de la veille, il s’est montré prudent le dimanche, améliorant son temps en postant deux temps d’un peu plus de 59 secondes, puis en descendant à 58’49 dans la 4ème manche.

« C’est compliqué de découvrir ce genre de compétition et de faire un bon chrono, explique-t-il. Je ne connaissais pas cette moto, j’avais juste pu rouler quelques kilomètres avec avant la course. Et de manière plus générale, les conditions d’adhérence changent entre chaque montée, et même pendant une montée, selon le virage et le moment. Il faut aussi arriver à se re-concentrer après une longue pause entre chaque montée. Mais par contre pour ce qui est du plaisir, c’est une expérience vraiment chouette. »

Il est élogieux pour sa monture, une Honda Hornet 900 avec notamment une fourche avant qui n’est pas d’origine, mais vient d’une Honda CBR 1000 RR Fireblade SP.

Si le samedi était la journée durant laquelle, comme de coutume, les enfants pouvaient eux aussi faire leur montée, la tradition a été respectée aussi le dimanche, avec un bel essaim de magnifiques motos anciennes qui effectuait la montée plusieurs fois par jour.

Certaines de ces anciennes étaient aussi engagées dans la course. C’est le cas notamment de la Gilera Saturno (500), dans les mains de Franck Rochat (54’62, 68ème dimanche), mais aussi de la Moto Guzzi de Torben Huthmann, qui a réalisé son meilleur temps en 50’07 et s’est classée 34ème.

Pour les résultats complets de cette 67ème édition, c’est par ici pour ceux du samedi, et par là pour ceux du dimanche.

Vous pouvez aussi regarder les galeries faites par nos photographes. Pour la journée de samedi, en suivant ce lien. Et pour la journée de dimanche, en suivant un lien pour les motos anciennes, un autre lien pour les machines à plus de deux roues (side-cars, karts, etc.), et un troisième lien pour les motos « pas anciennes » (dont celles de Leu, Monaya et Bally).

La prochaine course de côte de Verbois aura lieu les 19 et 20 octobre 2024. Nous y serons. Et Bryan Leu aussi!