Essai – Indian Pursuit Limited, le nouveau chef de tribu
Nous avons voyagé durant quatre jours à bord de la nouvelle Indian Pursuit Limited. Un mastodonte dont l’imposant gabarit n’a d’égal que le confort. Elle offre options, agilité, une bonne autonomie et un bel espace de rangement. Son moteur ronronne joliment et offre tout le couple et la puissance nécessaire pour la route.
Nous sommes partis dans le sud de la France pour un essai de 4 jours de la nouvelle Indian Pursuit. Mastodonte suréquipé de la firme du Minnesota qui est apparu dans la gamme du constructeur américain en 2022 (lire notre présentation).
Pour l’essai, cette moto nous a été prêtée par le garage Swiss Kustom Factory, concessionnaire valaisan de la marque, et avec le soutien de la filiale suisse d’Indian Motorcycle. Le thème du voyage a été le Rhône, que nous avons longé jusqu’à son point de chute, à Port Saint-Louis, en partant de Genève.
Le but de ce trip a été d’essayer une des motos les plus confortables du marché. Une Indian Pursuit, c’est un peu la version américaine de la GoldWing. Une moto de voyage par excellence, équipée de tout un assortiment d’options et d’équipements ainsi que de coffres très spacieux. Ce voyage a été fait en duo tout du long (vous pouvez lire l’avis de notre photographe-passagère Stéph dans le texte secondaire).
Avec sa Challenger présentée en 2022, Indian a dévoilé un bagger de voyage dont les carénages en imposent.
La demande pour des motos plus polyvalentes se faisant de plus en plus d’actualité, la firme américaine a ensuite introduit la Pursuit, une déclinaison offrant plus d’espace de rangement, plus de confort et de technologie.
Impressionnante, cette moto laisse à penser qu’elle n’est acceptable que pour les trajets sur autoroute. Ce qui n’est pas tout à fait faux, même si elle est capable de bien plus.
Il s’agit d’une sorte de version « canapé » de la Challenger, donc d’autant plus imposante puisque celle-ci offre en plus des deux valises latérales un large coffre de 65 l capable de contenir deux casques et pourvu d’une première prise 12 Volt. Le tout est matelassé à l’extérieur, pour le plus grand confort du passager.
Un porte-bagage coiffe même son couvercle s’ouvrant largement. Un peu comme sur les modèles touring haut de gamme d’un certain concurrent américain lui aussi.
Si l’on rajoute à cela les valises latérales mentionnées plus haut, de série, nous obtenons l’impressionnante capacité d’emport de 133 litres! De multiples trappes et autres rangements viennent s’ajouter à cet ensemble déjà plus que conséquent.
L’avantage, c’est que tout le verrouillage (Keyless) de la moto est centralisé, et donc, également les bagageries.
Si l’on veut vraiment verrouiller la direction pour décourager les voleurs, il faut par contre employer la petite clé qui est cachée dans le transpondeur Keyless. Mais pour voler une telle machine, il faudra être capable de déployer un certain effort.
Ce modèle vient équipé d’une selle chauffante. De plus, Indian ayant breveté une selle à choix refroidissante et chauffante selon les besoins, ce modèle peut en être pourvu en option!
Poignées chauffantes, carénages latéraux devant les jambes avec évents ajustables et protections de valises viennent se joindre à cette belle panoplie de gadgets et équipements.
Une chose est sûre, elle en impose!
La Pursuit arbore une large tête de fourche en y intégrant une optique tout aussi largement dimensionnée. Entièrement à LED, le feu central s’encadre de feux diurnes et clignotants en forme de parenthèses. Nous n’avons pas eu l’occasion de rouler de nuit pour tester la totalité de l’éclairage.
Un nouveau pare-brise plus long que sur la Challenger vient s’intégrer à ce large bouclier avant et coulisse électriquement à l’aide d’une commande sur le guidon. Le réglage de la bulle se fait automatiquement jusqu’à butée ou manuellement, au bon vouloir du pilote.
Entre les jambes du pilote, un long réservoir de 22,7 litres offrant une autonomie avoisinant les 400 km et d’une forme respectant l’esthétique de la firme vient se coller à une selle monobloc très large, de belle finition et d’un confort à toute épreuve.
Une démarcation très présente sépare le pilote de son passager, passager dont le siège arrière s’accorde parfaitement avec le dossier du coffre pour une assise optimisée pour de longues heures de trajet. Sur le train arrière de l’engin, les clignotants intègrent les feux-stops.
Les amples carénages et surfaces métalliques témoignent d’un très bon niveau de finitions. Les commodos sont garnis de chrome, tout comme les nombreuses barres de protections latérales, et les valises reçoivent des inserts en alu brossé.
Le garde-boue avant s’orne d’une tête de chef indien, figure de proue vintage. La version Limited s’offre même encore plus de finitions chromées.
Le rêve américain dès le démarreur enclenché.
La base technique de la Pursuit est similaire à celle de la Challenger. La Pursuit repose donc sur un cadre en aluminium coulé, le tout fixé aux carters de l’imposant moteur.
Eh oui, car pour animer la bête, on est venu implanter un V-twin ouvert à 60° et à refroidissement liquide d’une cylindrée de 1768 cm3.
L’énorme masse a des cylindres couverts d’aluminium frappés du logo de la marque, et qui développent pas moins de 122 chevaux à 5500 tours et 178 Nm de couple.
Pour faire vivre davantage le rêve américain, une magnifique sonorité rauque accompagne chaque ouverture des gaz. Le tout programmé sur trois modes de cartographie efficaces.
Le mode Rain est là pour limiter la réponse aux gaz et définir un moindre couple lorsque la chaussée est glissante ou peu praticable. Le mode Standard est le paramétrage de base.
Et pour finir, il y a le mode Sport, qui vient réduire de manière conséquente le temps de réponse du moteur à la poignée des gaz.
Une bête qui s’apprivoise, avec passion!
Une centrale inertielle vient travailler de concert avec l’ABS et le contrôle de traction pour un maximum de sécurité. On a ainsi un ABS de virage, qui ne redresse la moto qu’au tout dernier moment en cas de freinage d’urgence en plein virage. Et qui va aussi adapter l’intervention de l’antipatinage pour pouvoir continuer à suivre la trajectoire en virage.
Toutefois, gardons en tête que le mastodonte dépasse les 400 kg dans un état de marche de base, avec juste son pilote. Ces indications seront à prendre en considération lors d’un freinage ou d’une manœuvre d’arrêt.
L’empattement est important, ce qui devrait avoir des conséquences, on l’a dit, sur les demi-tours, mais aussi donner une belle stabilité.
Indian a cela dit œuvré pour que la partie-cycle du monstre conserve une certaine agilité. L’angle de châsse est presque sportif pour une machine de ce gabarit.
La machine repose à l’avant sur une fourche inversée non-ajustable, qui coulisse sur 130 mm. Différence notable avec la Challenger, son amortisseur arrière est réglable électroniquement en précharge et débat sur 114 mm. Mais sur cette Pursuit, on pousse le réglage encore plus loin puisque la (pré-)charge est entièrement paramétrable, au kilogramme près!
Des jantes aluminium à 15 branches de 19 et 16 pouces renforcent l’effet cruiser et sont chaussées de Metzeler Cruisetec en 130/60 et 180/60.
De solides étriers avant Brembo à montage radial et quatre pistons mordent des disques de 320 mm. Pour l’arrière, le disque est pincé par un élément de même marque à deux pistons.
Un cockpit digne du Faucon Millenium!
On s’installe sans difficulté sur un fauteuil situé à seulement 672 mm du sol. C’est bas! La selle est bien dessinée. Elle affiche plusieurs coutures assorties qui accentuent le côté qualitatif. Un léger dossier remonte au départ de l’assise du passager pour caler correctement le bas du dos du pilote.
La position induite ne casse pas le dos, même sur une longue distance, gardant celui-ci droit. L’accueil passager est excellent avec ce dosseret rembourré et ergonomique.
Les repose-pieds en forme de plateaux permettent d’appuyer la totalité du pied. L’amplitude s’exprime aussi sur les commandes, des poussoirs aux leviers, toute la partie intégrant les commodos est solidement bâtie.
Certes, il y a beaucoup de boutons, mais pas de panique. Le tout est intuitif et la difficulté réside plus dans la connaissance de leur emplacement que dans leur utilisation directe. De plus, on peut effectuer l’ensemble des manipulations «techniques» sur un écran TFT tactile de 7 pouces intégré au cockpit et accessible à tout moment du bout des gants.
L’interface permet de très nombreuses manipulations et personnalisations, notamment un réglage optimal et simple de la suspension arrière. L’écran présente un graphisme général avenant et didactique.
Il est possible de personnaliser l’affichage des infos en plaçant, comme des widgets, les fonctions préférées sur un côté de l’écran. On y retrouve non seulement les indications principales comme le compteur de vitesse, le compte-tours, l’odomètre, la jauge de carburant, etc… mais aussi un boussole, un système de navigation par GPS, la température de l’air ambiant …
Le GPS intégré est efficace et facile à comprendre. L’ensemble peut être lié au smartphone à condition de posséder un iPhone avec Apple CarPlay.
Autrement, il est possible de créer un itinéraire avec un système de navigation extérieur, de télécharger votre fichier GPX sur une clé USB que vous pouvez ensuite aisément venir insérer dans la prise située dans la trappe pilote de droite.
Vous pouvez tout de même connecter n’importe quel smartphone à l’aide du Bluetooth pour retrouver vos contacts et votre musique, par exemple.
Le grand tableau de bord permet l’intégration de multiples outils de navigation. En plus de l’écran TFT couleur de 7 pouces tactile, la Pursuit est dotée de deux compteurs analogiques intégrant deux fenêtres LCD qui surmontent l’écran.
Les infos de ces dernières sont redondantes avec celles du TFT, mais indispensables pour conserver un œil sur les informations essentielles comme la vitesse lorsque l’écran TFT est entièrement employé pour la navigation ou pour faire miroir à l’écran de l’iPhone grâce à Apple CarPlay. On notera l’esthétique plutôt «brute» de ces deux petits compteurs.
Alors, on roule ?
On enclenche le contact, puis le démarreur. Ce dernier envoie toute son énergie pour éveiller le majestueux V-Twin. Le grondement se fait instantanément ressentir et l’aventure commence déjà en sonorité.
Lorsque l’engin « décolle », on oublie rapidement son poids. Dès la mise en mouvement, la machine s’emmène aisément et la crainte des manœuvres à basse vitesse se fait oublier. On s’aperçoit alors de la qualité du châssis. En mouvement, la bête fait preuve d’agilité et se manie en toute aisance.
Le moteur se montre très disponible à tous types d’allures. Sans reproche lors d’un trajet à vitesse élevée, le gros bicylindre se fait tout de même conciliant en évolutions urbaines, reprenant si besoin dès 2000 tours en cinquième.
Aucun problème à signaler lors d’un passage de rapport. En revanche, on ne peut pas dire que la boîte à vitesse est «douce». La sélection claque un peu, notamment à la descente des vitesses.
Doté d’une grande rigidité, le cruiser Touring Indian se montre efficace et précis. Sa géométrie lui assure un bon équilibre et conserve une agilité très correcte en virage.
Intuitive et saine, elle laisse le pilote se concentrer sur le plaisir du pilotage. Nous préférons toutefois les larges boulevards aux petites rues. Les demi-tours à bord de la Pursuit demandent de l’espace… Dans ce sens et dans certaines situations, on jalouse un peu la marche arrière présente sur d’autres modèles.
N’oublions pas qu’avec un poids avoisinant les 416 kg, et ce, sans avoir chargé les valises ni assis votre passager, cela impressionne. Attention aux sols non-plans, aires de demi-tour caillouteuses et autres surfaces en dévers. Lors du braquage à très basse vitesse, il faut éviter d’arriver en butée, car c’est à ce moment que l’inertie de l’engin peut surprendre! Disons qu’il faut un peu d’anticipation et de savoir-faire.
La monture s’apprivoise rapidement. Divers modes de conduite et de réglage de la précharge peuvent contribuer à votre aise. Personnellement, nous avons préféré le mode «Sport», rendant plus sensible la réponse aux gaz et donc plus agréable pour moins sentir le poids de l’engin.
Une chose est dommage, le choix des paramètres de conduite n’est pas simple et oblige à deux ou trois manipulations sur l’écran. Un accès direct par des boutons dédiés au guidon aurait été plus simple.
Le twin est très plaisant, un coup de gaz et vous voilà propulsé dans un vrombissement envoûtant. Salon roulant, l’Indian Pursuit Limited abrite remarquablement son équipage. Une pression sur le bouton-poussoir du pare-brise et la déflection est sans défaut.
Via l’écran (toujours), ajustement de la précharge rapide et autres réglages, la machine s’ajuste à vos souhaits. Le régulateur de vitesse est efficace et intuitif. Sur autoroute, la moto reste parfaitement stable.
La Pursuit Limited est dynamique et sa mécanique est forte, notamment en mode Sport. Parfaitement saine, la Pursuit permet d’apprécier votre déplacement, quelle que soit votre allure. Ses performances mécaniques autorisent tout dépassement et relance.
Lancé à bon rythme, entre deux virages, on attrape les freins qui ont alors fort à faire pour stopper les 400 kg. Le ressenti à la poignée pourrait être plus franc, mais assure tout de même une bonne décélération. L’élément arrière seconde efficacement le système et demeure nécessaire pour stopper rapidement la machine. Sa mise en œuvre est cependant plutôt sensible en courbe, car redresser pareil engin peut altérer la trajectoire. Un freinage combiné n’aurait pas été un luxe sur cet engin.
Si l’avant pourrait être un peu plus mordant, les étriers montrent une bonne consistance. C’est surtout le large disque arrière qui ajoute une grande efficacité aux décélérations. La garde au sol limitée impose de bien anticiper les courbes. Le gabarit limite l’improvisation.
On valide!
Emmenée avec raison, l’Indian est alors un maxi cruiser facile à piloter. Son équilibre bien réparti lui confère une facilité fort appréciable qui permet de se concentrer sur le voyage. Toutefois, les épingles les plus serrées demanderont un peu plus de doigté et d’expérience, surtout en duo.
Le mode Standard assure de la douceur quant au mode sport, lui, offre précision et vivacité. On profite aussi pleinement de la vie mécanique du twin, pas avare en musique! Le confort est confirmé par un amortissement efficace, faisant fi des défauts du bitume.
Avec ses 133 litres de rangement, vous ne manquerez pas d’espace pour votre panoplie de baroudeur. L’amortissement ajustable au poil optimise encore davantage le confort et l’évolution sur la route. La protection au vent et contre les intempéries est excellente. Mais là où c’est un avantage par temps frais ou pluvieux, cela peut devenir un inconvénient par temps chaud. Malgré les aérations de la tête aux pieds …
Évolution confort et technologique de la Challenger, l’Indian Pursuit Limited optimise les possibilités de voyage et de duo. Son confort et sa technologie de haut niveau complétée par une interface de référence lui assurent le podium de la catégorie.
Les prix pour cet engin varient en fonction des coloris et des finitions. De 36190 frs à 37390 frs pour les versions Dark Horse (finition et moteur noirs). 35690 frs en Limited et 37190 frs en Limited bicolore. La Pursuit est une routière de haut de gamme et est disponible sur demande.
Pour en savoir plus sur les Indian, vous pouvez vous adressez à nos partenaires de l’annuaires de pros de la moto : Biker Syndicate à Crissier (VD) et Swiss Kustom Factory à Granges (VS).