Superbike – A Jerez, l’exploit de l’alien Razgatlioglu, champion avec deux constructeurs, et le retour encourageant du Suisse Domi Agerter
Le pilote turc Toprak Razgatlioglu, passé chez BMW et en tête du championnat mondial Superbike, a tenu bon jusqu’aux dernières courses de la saison, à Jerez. En finissant deuxième dans la course 1, il avait assez d’avance pour ne plus être inquiété par son rival Nicolo Bulega (Bulega). Toprak a encore pris un deuxième place dans la course Superpole, puis il a conclu sa saison en remportant la dernière course. C’est l’un des rares pilotes à avoir remporté des titres avec plus d’un constructeur. Quant au pilote suisse Dominique Aegerter, il a montré, même pas encore complètement remis de ses blessures, qu’il était à nouveau capable de progresser en course.
Il a fallu attendre Jerez, le dernier rendez-vous de la saison 2024 du mondial Superbike, pour que soit couronné un nouveau champion, le pilote BMW Toprak Razgatlioglu.
Razgatlioglu menait le championnat lorsqu’il a été victime d’une chute violent à Magny-Cours (F), début septembre. Souffrant d’un pneumothorax (décollement de la membrane des poumons), il a dû renoncer à courir ce week-end là, et le suivant, à Crémone (I).
Mais une série de bien treize victoires consécutives, depuis le round de Barcelone jusqu’à celui de Portimao (lire notre article) lui avait donné une avance suffisante pour qu’il soit toujours le leader du championnat, lorsqu’il est revenue sur la piste, à Aragon (E).
Le pilote turc, numéro 54, passé de Yamaha à BMW au début de la saison 2024, a alors enchaîné avec trois deuxièmes places en Espagne, puis deux victoires (dans les courses longues) et une deuxième place (dans la course courte dite Superpole) à Estoril, au Portugal.
Son seul rival pour le titre cette année, l’Italien Nicolo Bulega (team Aruba.it, Ducati), a lui aussi accumulé des podiums, et trois victoires – une dans la cours Superpole à Magny-Cours, une dans la course longue sur ce même circuit, et une dans la course Superpole à Estoril, pour quelques millièmes de seconde d’avance sur Razgatlioglu (!).
Mais cela ne suffisait pas pour revenir à la hauteur du numéro 54, envers qui il accusait un déficit de plus de 30 points en arrivant à Jerez pour la finale du championnat.
Il suffisait en fait à Razgatlioglu de décrocher un podium dans la première course, le samedi, pour être couronné champion. Lors de la Superpole, qui décide de l’ordre de placement sur la grille de départ de cette course, il a signé le deuxième temps, à six dixièmes de seconde d’un Nicolo Bulega très en forme, qui a réussi à battre le record de la piste.
A l’extinction des feux, Le pilote Ducati (numéro 11) a pris un excellent départ et s’est installé en tête, devant Razgatlioglu et Andrea Locatelli (Yamaha, sixième sur la grille). Alex Lowes (Kawasaki), 3ème des qualifications, a perdu deux places et a involontairement poussé Danilo Petrucci, du team indépendant Barni (Ducati, 4ème de la Superpole) hors de la trajectoire en en récupérant une. Le même Petrucci a ensuite chuté, avant la fin du premier tour.
Une autre chute a été celle du champion en titre Alvaro Bautista (Ducati), le coéquipier de Bulega, qui n’était que 15ème des qualifications et qui tentait de remonter. Il a chuté une deuxième fois alors qu’il était 18ème, à trois tours de la fin.
Bulega a réussi à faire « grandir » son avance et il a franchi la ligne d’arrivée avec plus de 6 secondes d’avance sur Razgatlioglu, qui n’avait pas besoin de forcer pour devenir champion.
Le numéro 54 a ainsi cueilli son deuxième titre mondial, après celui de 2021 avec Yamaha. Il est l’un des rares pilotes à devenir champion du monde avec deux constructeurs différents! Souvent qualifié d' »alien » (extra-terrestre) par les commentateurs pour ses capacités de pilote extraordinaire, Razgatlioglu avait préparé une petite mise en scène avec ses fans sur la piste. Il a changé de combinaison dans une espèce de soucoupe volante, et s’est dirigé vers le podium avec … un masque d’extra-terrestre!
Locatelli a lui pris la troisième place, plus du tout inquiété par Alex Lowes. Michael Van Der Mark, le coéquipier de Razgatlioglu, a fini sixième, en « sandwich » entre les deux pilotes Honda Iker Lecuona et Xavi Vierge.
Quant au Suisse Dominique Aegerter, du team Yamaha satellite GRT, il s’était qualifié treizième et a fait tout ce qu’il a pu pour progresser durant la course, malgré le fait que son corps n’était pas encore remis à 100% de blessures multiples. « Domi » (numéro 77) a pu franchir la ligne en neuvième position, dans la roue arrière d’Axel Bassani (Kawasaki), qu’il n’arrivait pas à passer.
Le lendemain, Bulega a pris les commandes de la course Superpole, dont le résultat définit l’ordre de placement des neuf premières places sur la grille de départ de la course 2 le même jour. Il était suivi de près par Razgatlioglu, et les deux pilotes ont peu à peu pris leurs distances de la meute des poursuivants, emmenée par Alex Lowes qui résistait aux tentatives de Petrucci et Locatelli.
Dans le deuxième tour, le pilote BMW a fait l’intérieur à son rival et est passé en tête. Mais le numéro 11 est resté très proche, et il a répliqué quelques tours plus loin. Bulega a ensuite pris ses distances et s’est imposé, devant Razgatlioglu et, encore un peu plus loin, Alex Lowes.
Petrucci a pris l’avantage et la 4ème place sur Locatelli, tandis que les deux pilotes Honda se sont crashés ensemble. Lecuona a dû passer par le centre médical et a été déclaré « cassé » (fracture à la main), ce qui l’empêchait de facto de prendre part à la course numéro 2.
Enfin Domi Aegerter a réussi à dépasser le sextuple champion Jonathan Rea (passé chez Yamaha en début de saison) pour le gain de la neuvième place, mais il a à son tour été pris par Alvaro Bautista, qui s’est adjugé la dernière position rapportant des points et changeant l’ordre de départ pour la dernière course.
Bulega, Razgatlioglu et Lowes se sont donc alignés pour cette course 2 dans le même ordre que jusque là, tandis que Locatelli et Van Der Mark gagnaient des places, et que Bautista passait de la 16ème à le neuvième position!
Le numéro 11 a à nouveau maîtrisé la course au premier virage et a placé sa Panigale V4 R devant la BMW de Razgatlioglu, Locatelli se plaçant en troisième position devant Alex Lowes et Van Der Mark.
Comme dans la course Superpole, Toprak Razgatlioglu s’est enfilé à l’intérieur d’un virage pour prendre la première place. Mais cette fois-ci, il a résisté à toutes les tentatives de Bulega de revenir. Toprak a manifestement adapté son pilotage pour compenser une perte progressive d’adhérence de son pneu arrière et il a fini la saison en beauté, avec une petite marge sur son adversaire.
Van Der Mark (numéro 60) a lui passé Locatelli, ce dernier se faisant encore prendre par Alex Lowes, Andrea Iannone (team GoEleven, Ducati), Petrucci, et pour finir Garrett Gerloff (Bonovo, BMW). Le numéro 60 a défendu son bifteck contre Iannone, dont la Ducati est entrée en contact avec l’arrière de la BMW, ce qui a fait perdre des places au pilote italien.
Un second pilote BMW a ainsi pu monter sur le dernier podium de la saison, et finir à la sixième place du championnat. Alavaro Bautista, lui, a perdu des places durant la course en raison d’une erreur de trajectoire, puis il a à nouveau chuté. Il finit troisième du mondial, loin derrière les deux premiers. Alex Lowes prend la quatrième place, devant Danilo Petrucci.
Dominique Aegerter a effectué une nouvelle fois une belle progression dans la course 2, mais il a chuté alors qu’il était neuvième. S’il expliquait après la course Superpole qu’il manquait encore de force dans le haut du corps pour mieux maîtriser sa Yamaha lors des dépassements, il peut en tout cas se rassurer sur son futur immédiat: son contrat avec le team GRT et avec Yamaha a été reconduit pour une année. Il en est de même pour son coéquipier australien Remy Gardner, absent ce week-end à cause d’une blessure.
Supersport: le titre déjà samedi à Jerez
En mondial Supersport, l’Espagnol Adrian Huertas (team Aruba.it, Ducati, numéro 99) était lui aussi bien en avance et avait la possibilité de décrocher déjà le titre lors de la course 1 samedi.
Huertas a pris la pole vendredi, devant Jorge Navarro (team Orelac Verdnatura, Ducati) et Marcel Schrötter (MV Agusta Reparto Corse). Stefano Manzi (team Ten Kate, Yamaha, numéro 62), deuxième du championnat, et Yari Montella (Barni, Ducati), étaient 4ème et 6ème.
Manzi a gagné la première course, devant Montella et Huertas. Il n’en fallait pas plus pour déjà désigner le champion du monde Supersport 2024!
Le numéro 62 a aussi gagné la course 2, devant Valentin Debise (team Evan Bros, Yamaha) et un nouveau venu dans le championnat, le Néerlandais Bo Bendsneyder (MV Agusta Reparto Corse), venu du mondial Moto2, remplaçant du second pilote MV. Huertas, qui ira l’an prochain lui aussi en mondial Moto2 chez Italtrans, a fini 4ème.
Stefano Manzi, lui, continue en mondial Supersport en 2025, toujours chez Ten Kate, toujours sur une Yamaha. Mais il va changer de moto, passant de la R6 4-cylindres à la toute nouvelle R9 tricylindre (lire notre présentation).
Pour les résultats complets des courses Superbike et Supersport à Jerez, c’est par ici.
La saison 2025 débute officiellement le 21 février, en Australie, et se termine le 19 octobre, à nouveau à Jerez. Le circuit de Barcelone ne figure pas dans ce calendrier, remplacé par un nouveau venu, le circuit de Balaton Park (27-28 juillet), en Hongrie.
