Essai – Grandes étendues et grosse cylindrée: le nouveau PowerPlus 112 d’Indian dans le Nevada
Nous avons testé aux USA les quatre nouveaux modèles de voyageuses d’Indian. A notre disposition, deux baggers (Chieftain et Challenger) ainsi que deux tourers (Pursuit et Roadmaster). Les motos sont d’une même base technique mais se distinguent par les détails. Le test s’est déroulé à travers la Vallée du feu dans des conditions idéales. Nous avons été très séduits par le son et l’efficacité du nouveau moteur PowerPlus 112.
Récemment, j’ai eu la chance d’être invité par Indian Motorcycle à tester leurs nouvelles motos équipées du moteur PowerPlus 112, une opportunité que j’ai saisie avec entrain. Vous pouvez lire notre article de présentation de ces nouveaux modèles ici.
Après un premier essai l’an passé avec les nouvelles Scout à San Francisco, une expérience marquante, cette fois-ci c’est dans les vastes paysages du Nevada que l’aventure m’a conduit. Entre Lake Las Vegas et la Vallée de Feu, j’ai pris le guidon de quatre modèles de voyageuse d’Indian: la Chieftain, la Roadmaster, la Pursuit et la Challenger.
Nous avons roulé sur environ 300 kilomètres dans des paysages captivants, en variant les routes sinueuses et les portions de « freeway ». Bien que très similaires, et que toutes partagent le même moteur PowerPlus 112, le même châssis et les mêmes commandes, elles offrent toutefois une expérience sensiblement différente.
Avant de me lancer dans l’aventure, j’ai profité d’être arrivé plus tôt à Las Vegas pour explorer la ville. Il faut dire qu’arriver dans cette ville iconique, même pour un test de moto, est une expérience en soi.
J’ai arpenté le Strip, cette artère mythique bordée de casinos, hôtels de luxe et restaurants extravagants. Les néons scintillants, l’effervescence constante et l’air chaud du désert m’ont donné l’impression d’être au cœur d’un film. Les hôtels, chacun plus imposant que le précédent, semblent d’architecture futuriste mélangée à des tentatives de reconstitutions de monuments célèbres.

Mais, même au milieu de tout ce luxe et de cette folie, j’avais surtout une idée en tête: les routes du Nevada, et plus précisément, celles qui m’attendaient entre Lake Las Vegas et la Vallée de Feu. J’étais plus qu’impatient de m’échapper du tumulte de la ville pour plonger dans la nature sauvage du Nevada. Le contraste allait être saisissant: des néons et des casinos, aux paysages désertiques majestueux.
L’environnement du Nevada: un décor spectaculaire
Après mon arrivée à l’hôtel, je suis convié à la présentation de cette famille de baggers et de tourers. Les modèles nous sont présentés par les équipes de développement et de design d’Indian. On nous y explique les spécificités technologiques de ces motos, dont le nouveau moteur PowerPlus, qui équipe les quatre variantes.
Le châssis et la technologie embarquée sont les mêmes pour chacune des motos. Elles sont à présents toutes équipées d’une IMU qui travaille sur six axes, alors que seules la Challenger et la Pursuit (moteur PowerPlus 108 plus petits) l’étaient jusque là.
Les autres nouveautés concernent l’ajout d’un radar à l’arrière de la moto permettant d’obtenir une alerte d’angle mort ainsi qu’une alerte de proximité avec le véhicule qui nous suit.
Pour finir, ces motos possèdent un système d’aide au démarrage en côte, avec une technologie permettant à l’utilisateur de bloquer les roues à l’aide du frein avant jusqu’au lancement de la moto.
C’est le matin du départ. Les motos sont alignées et nos noms sont affichés sur une plaque qui arbore le logo de la marque, délicatement posée sur le réservoir de nos motos respectives.
Pour ma part, je démarre ce début de journée au guidon de la nouvelle Chieftain.

Je prends place et j’observe. Je ne me sens pas étranger à la moto. J’y retrouve les mêmes sensations et instruments que lors de mon précédent test de la Pursuit (article ici).
Esthétiquement, elles sont toutes très réussies. Que vous choisissez le chrome rutilant ou la noirceur des variantes Dark Horse, tout le monde y trouve son compte. Les lignes modernes et imposantes de ces motos sont agréables à mes yeux. Bien que je les aimes toutes, mon cœur penche pour la Chieftain. Son design perce-vent et ses lignes arrondies m’ont séduit. Et encore une fois, Indian ne me déçoit pas sur leur sélection de coloris, tous très réussis.
La machine semble imposante au premier regard. Ce n’est pas tout faux. On s’installe en face de cet énorme tableau de bord et on saisit un guidon robuste.
Tous ces instruments peuvent déboussoler au début. Il y a beaucoup de commandes et beaucoup de possibilités. La navigation demande un temps d’adaptation, tout comme les manœuvres à basse vitesse d’ailleurs. En effet, les premières fois que l’on redresse la moto, on saisit un peu plus l’ampleur du gabarit de la bête.
Là où il faut être prudent, c’est lors du braquage à l’arrêt. C’est à ce moment que l’inertie se fait ressentir en vous aidant à basculer la moto sans que vous ne l’ayez demandé.
Petit bémol, la commande du régulateur de vitesse se trouve sur le commodo de droite. Peu pratique à manipuler pour verrouiller sa vitesse tout en tenant les gaz d’une même main.
Ça vous effraie? Pas de panique, manœuvrer ces motos est simplement une habitude à prendre. Ce qui est agréable, c’est qu’au moment même où vous prenez le large, toutes ces inquiétudes s’effacent. Le deux-roues devient (presque) aussi maniable qu’un vélo et très intuitif dans sa conduite, même à basse vitesse. On privilégiera tout de même les stationnements en marche arrière pour éviter des manœuvres compliquées au moment de repartir.
En revanche, elles sont suffisamment maniables pour permettre des demi-tour sur route sans difficulté. Le rayon de braquage est bon.

Il est temps de démarrer. Le magnifique ronronnement de cet énorme bicylindre me promet un trajet des plus plaisant!
Nous partons de Lake Las Vegas, une station balnéaire paisible entourée de montagnes désertiques, en direction de la Vallée de Feu, un parc d’État réputé pour ses formations rocheuses rouges et ses sentiers sinueux.

Sur le trajet, je profite des routes larges et ouvertes, idéales pour tester ces motos au gabarit imposant. La stabilité et la puissance des machines seront mises à l’épreuve sur de longues distances, avec des virages serrés dans la Vallée de Feu permettant de juger leur agilité.
Les températures étaient parfaites, autour de 20°C, et nous n’avons pas eu une seule goutte de pluie durant l’essai. Sachant que ces motos protègent très bien leur pilote des éléments météorologiques. En revanche, il y a eu beaucoup de bourrasques, ce qui m’a permis de confirmer que la prise au vent est conséquente sur les quatre machines. En conséquence, elles ont parfois tendance à bouger un peu de l’avant et il faut en tenir compte dans son pilotage.
Le PowerPlus 112: cœur battant de la machine
Tous les modèles que j’ai testés étaient équipés du moteur PowerPlus 112, un bicylindre en V de 112 pouces cubes (1 834 cm³).
Ce moteur se distingue non seulement par sa taille impressionnante, mais aussi par sa conception méticuleuse, qui en fait l’un des propulseurs les plus avancés de la catégorie des cruisers.
Son couple exceptionnel de 181 Nm à 3 800 tr/min permet une réponse immédiate et souple dès que l’on tourne la poignée des gaz, offrant une reprise linéaire dans toutes les situations de conduite, ce qui vous déshabitue des changements de rapports fréquents.
Sur les routes sinueuses du Nevada, le PowerPlus 112 révèle toute sa polyvalence. Que ce soit lors des montées abruptes où il fournit un couple généreux dès les bas régimes, ou lors des accélérations en ligne droite où il prend de l’élan avec une vigueur phénoménale, chaque coup de gaz est accompagné d’une sensation de puissance maîtrisée.
Du haut de ses 126 chevaux, le PowerPlus 112 est un moteur conçu pour offrir du confort de conduite. Il allie puissance et souplesse, pour ce type de gros cruiser, avec un réglage fin qui permet de ressentir un bon contrôle, même à faible vitesse.
Mais ce que je préfère, c’est que chaque accélération est marquée par une sonorité envoûtante et profonde, qui fait vibrer la moto et mon cœur de passionné. C’est un moteur qui parle à l’âme du motard, avec un son riche et grave qui se fait entendre à chaque ouverture des gaz. Un régal pour les oreilles les plus exigeantes.
Le moteur PowerPlus 112 repose également sur un refroidissement liquide, qui permet une meilleure gestion thermique. Ce système offre non seulement une meilleure longévité du moteur, mais aussi une efficacité accrue lors des fortes sollicitations, comme sur les longues lignes droites du désert du Nevada.
La répartition du couple est très fluide et linéaire. Cela garantit une maniabilité accrue, offrant une sensation de confort et de facilité.

Avec sa réactivité, sa sonorité, sa capacité à offrir un confort de conduite optimal, il confère à ces motos Indian un caractère unique. Son bruit profond et envoûtant n’est pas juste un détail, il fait partie intégrante de l’expérience, créant une connexion émotionnelle entre le pilote et la machine.
Maniabilité malgré le poids et puissance à toute épreuve
La conduite des quatre modèles impressionne par sa facilité, surtout pour des motos d’un tel gabarit. Bien que tous partagent le même moteur et le même châssis, les sensations et la dynamique de conduite varient sensiblement selon le modèle.
Les Tourers comme la Pursuit et la Roadmaster se distinguent par leur poids conséquent. A l’arrêt ou lors des manœuvres à basse vitesse, ces motos peuvent sembler plus imposantes, un peu plus difficiles à diriger à faible allure.
Avec un poids avoisinant les 410 kg pour chacun de ces deux modèles, il faut un peu de pratique et du calcul pour manœuvrer avec aisance. Cependant, dès que l’on prend la route et que la vitesse augmente, l’inertie initiale disparaît.
Leur stabilité à haute vitesse est tout à fait correcte, offrant une conduite douce et sans effort, idéale pour les longues distances. Les baggers comme la Chieftain et la Challenger restent d’un grand confort, même après plusieurs heures de conduite, et offrent suffisamment de rangements pour les pilotes qui ne trouvent que les toureurs sont trop encombrants.
De plus leur géométrie de châssis et la répartition du poids permettent une bonne manœuvrabilité. Elles sont adaptées à presque tout type de route.
J’ai profité d’un moment de roulage plus calme pour également me rendre compte de comment fonctionne le radar arrière. Tout d’abord, les options d’alerte sont désactivables via l’écran de bord.
Le système d’alerte avertissant d’objets dans les angles morts agit d’une manière que l’on connait déjà. Des LED de couleur orange situées dans le coin inférieur des rétroviseurs s’allument lorsque qu’un véhicule est détecté.
Une petite alerte s’affiche également sur l’écran de bord. Pour le système d’alerte de proximité avec le véhicule qui nous suit, il s’agit d’une bande orange qui s’affiche sur la partie basse de l’écran. Elle sera plus ou moins épaisse en fonction de la distance entre ce véhicule et l’arrière de notre Indian.

Le châssis des quatre modèles est réussi. La précharge peut être adaptée en fonction de votre itinéraire, du pilote et de son passager et du poids des bagages. Sur les deux tourers, cela se fait de manière électronique, via les commandes de la machine.
Les freins Brembo sont des alliés de poids pour stopper ces machines conséquentes. Ils offrent un bon contrôle et répondent bien même lors de freinages brusques. Les suspensions ne plongent pas excessivement malgré une tête de fourche imposante et un châssis lourd.
Dans l’ensemble, le châssis, les suspensions et les freins offrent une sensation de sécurité et de confort. Quel que soit le terrain, que l’on roule sur des routes sinueuses, des montées abruptes ou des autoroutes dégagées, ces motos restent en contrôle. Ma confiance est totale, le pilotage est intuitif, et le système de freinage dont l’ABS est sensible à l’angle est rassurant.
Chieftain: le bagger par excellence
La Chieftain PowerPlus 112 incarne l’esprit classique du bagger américain, alliant confort et robustesse pour les voyages de longue distance.
Avec son design intemporel et ses lignes élégantes, elle demeure un modèle emblématique de la gamme. Comme pour ses soeurs, elle est équipée de sacoches latérales rigides de 34 litres chacune, parfait pour des escapades prolongées sans souci de stockage – mais un casque n’ yentre pas. Son poids à vide est de 366 kg, ce qui en fait la moto la plus légère de la famille.

Le tableau de bord est doté de compteurs analogiques classiques qui affichent les informations essentielles. Mais ces derniers sont un peu trop excentrés à mon goût, ce qui m’oblige à quitter la route des yeux un bref instant pour les chercher du regard.

Ce modèle, comme les trois autres, est équipé d’un écran TFT de 7 pouces tactile qui affiche les informations que vous souhaitez et qui est entièrement personnalisable.
En revanche, comme sur la Roadmaster, l’emplacement des haut-parleurs sur les extrêmités du tableau de bord rajoute du poids sur les côtés de la tête de fourche. Malgré tout, la Chieftain reste une moto facile à vivre sur la route.

Côté confort, la Chieftain ne laisse rien au hasard. Elle propose une selle très agréable, tandis que la position de conduite est pensée pour réduire la fatigue, même après plusieurs heures.
Sur ce modèle et comme pour la Roadmaster, la tête de fourche est fixée au guidon.
Roadmaster: confort et luxe sur deux roues
La Roadmaster se place au sommet de la gamme Indian en termes de confort et de luxe. Bien qu’elle partage la base technique de la Chieftain, elle ajoute une série d’équipements supplémentaires pour ceux qui recherchent une expérience de conduite encore plus raffinée.
En plus des caractéristiques de confort déjà offertes par la Chieftain, la Roadmaster intègre (comme la Pursuit) un énorme top case à l’arrière de 65 litres, qui fait office de dossier de fauteuil pour le passager. Les deux selles sont chauffantes ou, à choix (option) chauffantes ou refroidissantes. Un pare-brise électrique ajustable est également présent. En position haute, il couvre presque toute ma hauteur en position de conduite (1m76).

Bien que d’un poids supérieur à celui de la Chieftain (406 kg), la Roadmaster reste cependant facile à prendre en main. Le tableau de bord est semblable à celui de la Chieftain, mais l’ajout de finitions en cuir et de détails chromés lui confère un côté plus raffiné et luxueux, tant au niveau visuel qu’au toucher. La Roadmaster est véritablement une moto de grand tourisme, conçue pour les motards qui ne veulent faire aucun compromis entre performance et confort.

Comme pour la Chieftain, la tête de fourche de cette moto est fixée au guidon.
Pursuit: le tourer par excellence
La Pursuit PowerPlus 112 est le modèle touring de référence chez Indian. Il s’agit d’une version plus habillée et massive de la Challenger. Avec un poids de 409 kg, elle est la plus lourde de la gamme, mais la mieux équipée. A l’instar de la Roadmaster, elle propose elle aussi plus de rangement et une sellerie de qualité. Elle propose également, comme l’autre tourer, des trappes supplémentaires au niveau des jambes. Celle de droite contient une prise USB.

La protection contre le vent est quasi-totale sur ce modèle. Malgré les clapets de ventilation sous la tête de fourche et au niveau des jambes, il est difficile de rester au frais sous des températures supérieures à 20°C. Contrairement à la Chieftain et à la Roadmaster, la tête de fourche est fixée au châssis.

L’une des caractéristiques les plus remarquables de la Pursuit est son tableau de bord plus moderne, avec des instruments mieux intégrés et disposés de manière plus intuitive que ceux de la Chieftain et de la Roadmaster.
Les compteurs sont centrés, juste au-dessus de l’écran TFT, et les haut-parleurs sont placés plus bas et mieux intégrés, pour une meilleure visibilité des informations.

Côté performance, la Pursuit reste très maniable, avec un comportement routier agile, tout en conservant un confort appréciable pour les trajets de longue distance. C’est une moto idéale pour les pilotes à la recherche d’une moto de caractère sans sacrifier le confort de conduite.
Challenger: l’athlète de la gamme
Le tableau de bord de la Challenger est très similaire à celui de la Pursuit, avec des instruments centrés au-dessus de l’écran TFT et des haut-parleurs bien placés pour une meilleure diffusion sonore.
En termes de performance, la Challenger est la plus réactive du groupe. Elle offre une expérience de conduite plus agile. Cela est probablement dû au fait que l’habillage et les instruments du tableau de bord sont mieux répartis et que la tête de fourche est fixée au guidon. Toutefois, la différence est minime.
Conclusion: quelle moto choisir?
Les nouvelles Indian avec le moteur PowerPlus 112 offrent toute une expérience de conduite exceptionnelle, mais le choix entre les quatre modèles dépendra avant tout de l’usage que vous souhaitez en faire. Si vous recherchez avant tout confort et équipements haut de gamme, la Pursuit ou la Roadmaster seront parfaites.
En revanche, si vous préférez un modèle plus dynamique, et conçu pour des trajets moins encombrés, la Chieftain ou la Challenger seront des choix plus adaptés. Quoi qu’il en soit, j’ai abandonné ces Indian avec difficulté, le sourire aux lèvres pour le trajet que j’avais vécu à leur bord.
Indian, comme a son habitude, met l’accent sur la personnalisation de leur moto par et pour le client. Des centaines d’accessoires et d’options sont disponibles pour rendre votre moto unique.
Une dernière remarque: une marche arrière, même en option, serait une bonne idée sur ces modèles, surtout sur la Pursuit et la Roadmaster! cela existe chez certains concurrents pour des motos de grand touring.
La Chieftain et la Challenger PowerPlus 112 débutent au prix de 33390 frs. La Pursuit et la Roadmaster PowerPlus 112 démarrent quant à elles au prix de 35790 frs. Le tout sans compter les variantes de couleurs et d’éditions.
Pour en savoir plus, vous pouvez vous renseigner sur le site web d’Indian Suisse. Vous pouvez également vous rapprocher de nos partenaires Indian Motorcycle dans notre Annuaire ActuMoto des pros de la moto: Biker Syndicate (Indian Lausanne) à Crissier (VD), Swiss Kustom Factory (Indian Sierre) à Granges (VS) et Motos Vionnet (Indian Fribourg) à Sâles (FR).