Triumph Street Twin, une anglaise pour les rues, mais pas seulement
La nouvelle entrée de gamme dans la famille des Classic est basse, agréable, et elle accélère fort. Mais n’allez pas sur un circuit avec elle. Son domaine de prédilection, ce sont les villes, les terrasses, les feux rouges et les petites routes.
Voici une moto qui fait tourner les têtes. Une belle anglaise à la classe intemporelle, ou au charme rétro, au choix. C’est la plus petite – par sa cylindrée – des cinq nouveaux modèles introduits cette année en guise de renaissance de la famille Bonneville. Un nom qui remonte à 1959. La moto portant ce nom a été produite en tant que twin parallèle refroidi par air et alimenté par un carburateur jusque vers 1988. Soit le moment où Triumph a sombré, puis est revenu à la vie grâce à l’esprit d’entreprise et à la persévérance de son nouveau propriétaire, John Bloor. Il faudra ensuite attendre l’année 2000 pour retrouver des Bonneville au catalogue. En apparence très proches des originaux, mais avec de plus gros moteurs nantis de l’injection électronique, de meilleurs freins et suspensions, et un châssis plus performant.
Sauf qu’aujourd’hui, un nouveau saut est fait, avec une machine qui est fidèle dans son style et son architecture de base à son glorieux ancêtre, mais qui adopte un refroidissement partiellement liquide, qui passe les câbles dans le nez l’épreuve des nouvelles normes européennes Euro 4 antipollution et anti-bruit, et qui fait un bond en avant supplémentaire en termes d’électronique embarquée et de qualité de conduite.
Dans ce contexte, la Street Twin est l’entrée de gamme dans l’univers (néo)rétro de Triumph, c’est aussi la plus abordable financièrement. Son moteur de 900 centimètres cubes (plus gros que pour la Bonneville 2015) est moins imposant que celui de 1200 centimètres cubes qui équipe ses grandes soeurs T120 (lire notre test) et Thruxton. Et sur le papier, à première vue, sa puissance maximale (55 chevaux) est modeste. De même, ses suspensions, presque pas réglables (sauf en précharge) ont l’air très basiques, et il n’y a qu’un disque de frein à l’avant. On se dit que le ramage ne vaut pas le plumage. Mais on a tort.
Dès les premiers mètres à son guidon, on remarque la vague de force accélératrice qui pousse moto et pilote de manière douce mais néanmoins très rapide dès que l’on ouvre un tant soit peu les gaz. Un coup d’oeil sur la fiche technique nous apprend qu’on a droit à un couple maximal de 80 Nm à déjà 3230 tr/min. Beaucoup de force très bas dans les tours. Rien ne sert de faire monter le bicylindre en ligne jusqu’à la limite – qu’on ne connaît pas précisément, parce qu’il n’y pas de compte-tours. Même sur autoroute, on peut cruiser en 5e aux vitesses légales sans le moindre effort. A part la résistance au vent: rien ne vient dévier le flux d’air qui vous atteint en pleine visière. C’est la loi de ce genre de moto.
En ville, c’est du gâteau. Le bruit du moteur et de l’échappement est plaisant, riche, grave. La moto est agile et change de direction en un clin d’oeil. La selle est moëlleuse et on ne sent pas vraiment les accidents de la surface bitumineuse. Et lorsque l’on essaie de manière convaincue de rentrer dans une fourgonnette qui déboîte devant soi et que l’on n’a pas vue jusqu’ici, les freins d’apparence modeste stoppent la Triumph de manière efficace avec un ABS qui ne secoue que très peu les commandes. Il n’y a que lors de manoeuvres moteur coupé en pente que le poids de la bête se fait sentir.
La position de conduite de cette nouvelle Bonneville (Street Twin sonne en fait assez proche de la fameuse Speed Twin, un modèle antérieur à la Bonneville historique) est un peu plus active que sur la Bonneville 2015. On est un peu plus en avant avec les pieds un peu plus en arrière. De quoi donner un meilleur contrôle. Même si l’on est loin d’un roadster sportif, notamment en raison du pneu avant haut de 18 pouces – au lieu des habituels 17.
A part les artères du centre-ville, la Street Twin excelle sur les petites routes de campagne, même quand elles sont mouillées. Attention à bien chauffer les pneus, des Pirelli Phantom Sportcomp. Et à ne pas surcharger la fouche télescopique Kayaba du train avant, qui offre un amortissement très acceptable même en conduite sportive. Enfin, sportive, sans aller chercher les hauts régime du moteur, ce n’est pas nécessaire au vu de son couple. Le confort de route est bon, sauf sur des gros trous. Et la stabilité est excellente.
Les changements de direction rapides à bonne vitesse ne sont pas totalement naturels. Il faut accompagner le mouvement. La rançon du poids et de la géométrie, qui ne sont bien sûr pas ceux d’une sportive. Mais par contre, le sourire est là quel que soit le style de conduite. Et c’est l’essentiel. Et si vous voulez recharger votre smartphone en roulant, c’est possible, il y a une prise USB bien protégée sous la selle.
Ah, si l’on veut un Scrambler refroidi partiellement par liquide, nul besoin d’attendre que Triumph discontinue la version actuelle refroidie par air. Un kit dit « d’inspiration » et répondant au nom de « Scrambler » existe sur base de cette Street Twin, qui comprend justement l’échappement 2 en 1 relevé -les soufflets protège-fourche sont déjà là d’origine. Pour un petit surplus de coût, évidemment. Et il y a aussi un autre kit dit Brat Tracker, très dark et avec une selle côtelée droite façon Café Racer, notamment, et un troisième baptisé Urban, avec une sacoche latérale en cuir et un petit saute-vent.
Triumph Street Twin, disponible de suite – enfin dès le mois de juin au vu de la forte demande – à partir de 9900 francs en Jet Black. Compter 180 francs de plus pour les autres options de couleur: Silver, Matte Black, Cranberry Red (moto testée) ou Phantom Black. Notre moto de test était équipée de quelques options payantes supplémentaire, comme par exemple les petits clignotants à LED, les échappements homologués Vance & Hines ou les petites valves de pneu avec le logo Triumph.
Triumph Sreet Twin, disponible de suite – mais au vu de la demande, pas avant le mois de juin pour des commandes placées aujourd’hui, à partir de 9900 francs, en couleur Jet Black. Option de coloris Matte Black, Phantom Black ou Cranberry Red (testée) avec surcoût: 1080 francs.
L’avis d’un motard habitué aux trails
Et voici l’avis de Pierre-Alexis Resca. C’est un motard qui roule depuis quelques années en BMW Funduro (trail monocylindre de 650 cc, un modèle datant des années 1990).
Ses impressions après quelques heures passées au guidon de la Street Twin: « Visuellement, elle a cette classe anglaise typique. Et en roulant, on sent ce couple fabuleux qui se manifeste dès qu’on tourne la poignée des gaz. Elle est super agile, en ville c’est facile. La selle est peut-être un peu basse, pour quelqu’un comme moi qui a des jambes longues. Mais sinon c’est une super moto. »
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