La R Nine T, une BMW craquante, sans les gadgets

On nous le certifie en bon allemand lors du passage de la clé de l’engin à Dielsdorf, siège suisse de BMW: «Es ist ein unkompliziertes Motorrad!» En bon français: une moto essentielle. Donc pas de contrôle de traction, de suspensions électroniques, de radio-stéréo ni de pare-brise électrique (ou non électrique, d’ailleurs). Et encore moins de valises latérales ou de poignées pour passager!

La R NineT est faite pour célébrer les 90 ans de BMW Motorrad, pour amener un petit côté historique – surtout visuel – dans la gamme… et pour offrir aux amateurs un gros roadster bourré de caractère.

Ça commence par le moteur: le dernier Boxer (deux cylindres à plat et opposés) refroidi par air et par huile de la famille, hérité de la R 1200 R. On sent tout de suite, en donnant un coup de gaz à l’arrêt, que le couple de renversement de ce moteur fait légèrement pencher la moto vers la droite, contrairement au nouveau moteur Boxer partiellement refroidi par liquide, où ça pousse (encore plus légèrement) vers la droite. En roulant, on ne sent rien. Mais ce Boxer air-cooled a encore plus de pep et de reprises que sur la R d’origine, notamment grâce à des rapports de vitesses revus et à une ligne d’échappement Akrapovic de série qui laisse parler les sonorités craquantes du bicylindre. Et, côté efficacité, ça pousse! On peut jouer sur le couple entre 2000 et 4000 tours par minute, ou on peut jouer l’allonge jusqu’à 7000-8000 tours, dans un grondement de Spitfire (on n’allait quand même pas dire Messerschmidt?).

Bien que très peu réglables (AR en précharge), les suspensions (la fourche est empruntée à la sportive S 1000 RR) sont conçues d’origine pour permettre une conduite rapide ou relaxée, avec un confort plus qu’acceptable. Il ne faut pas hésiter à forcer le trait en virage serré pour vaincre l’inertie de la machine. Le freinage est parfait, puissant et bien dosable.

Dans cette forme vitaminée, la R donne une certaine impression de légèreté. On sent en effet que des kilos qui auraient été superflus ont disparu pour ne laisser que le nécessaire sur la route. Ce qui n’empêche pas un choix de matériaux et des finitions impeccables. On peut en particulier admirer les flancs de réservoir en alu brossé. C’est ce genre de détail qui explique que le prix avoisine celui d’une R 1200 GS sans les options. Et pour le tableau de bord, c’est la même philosophie: deux ronds avec aiguille, et au milieu l’heure, les kilomètres et deux trips. La seule concession est l’indicateur de rapport de vitesses engagé.

Enfin il faut savoir que la Nine T a été conçue dès le départ pour être facilement modifiable et adaptable. A l’aide de quelques vis, on peut par exemple rendre la selle monoplace et changer la hauteur du pot d’échappement. Les fabricants de customs vont s’en donner à coeur joie!