MV Agusta dans les sales draps de la justice italienne
La firme italienne est soupçonnée d’avoir utilisé la part des salaires qui devait revenir au fisc pour payer ses créanciers. L’affaire tombe mal, au moment où MV doit obtenir l’accord d’un tribunal pour continuer ses activités.
Le constructeur MV Agusta, qui a fait une demande de sursis concordataire, se trouve désormais dans le viseur du ministère public de la province de Varese, autrement dit, dans de sales draps. Ce dernier a demandé à la Garde des finances (police italienne) d’enquêter sur de présumées irrégularités concernant le versement de charges fiscales pour un montant dépassant 7 millions d’euros.
Selon une dépêche de l’agence italienne Ansa, la procédure vise directement Giovanni Castiglioni, le président de la société basée à Varese, qui a dû présenter à la justice italienne un plan industriel et financier destiné à éponger des dettes cumulées de 50 millions d’euros aux dépens de banques et de fournisseurs .
Trou dans la caisse de pension
La société MV Agusta est suspectée d’avoir, entre 2013 et 2015, omis de reverser au fisc italien les charges retenues sur les fiches de paie de ses quelque 100 salariés, à l’insu de ces derniers. Ansa rapporte en outre que le non paiement des contributions de prévoyance a occasionné un trou de près de 6,8 millions d’euros dans la caisse de pension.
Ce mécanisme aurait permis à la société, qui ne parvenait plus à obtenir de financement de la part des instituts bancaires, de constituer de manière illicite des provisions afin de « s’autofinancer » et de payer ses fournisseurs.
M. Castiglioni fait par ailleurs l’objet d’une autre enquête du parquet de Varese, qui le soupçonne d’irrégularités dans sa déclaration de revenus, dans le cadre de laquelle le capitaine d’industrie italien s’était vu confisquer deux Ferrari d’une valeur estimée à 180 mille euros.
Versements en cours
Dans un communiqué, le constructeur transalpin affirme avoir « toujours présenté ses déclarations fiscales et en matière de prévoyance de manière régulière et conforme à la loi ». MV Agusta assure que les versements réclamés par le fisc italien sont en cours, « conformément à la loi et au fractionnement convenu avec les instances compétentes ».
Et d’ajouter qu’ au regard de la restructuration de la dette en cours, « les obligations de nature fiscale et en matière de prévoyance font l’objet d’une renégociation et d’un rééchelonnement, dans les termes consentis par la loi ».
Selon des sources proches de l’usine, le trou en question serait plus proche des 2 millions d’euros, et il s’agirait d’une situation temporaire, en attente de régularisation.