Un nouveau moteur V4 pour les superbikes Ducati
Afin de succéder aux Panigale ayant atteint les limites de ce que l’on peut faire en matière de puissance avec un Twin, les rouges font appel à la technique utilisée sur leurs moteurs de MotoGP. Le nouveau moteur, baptisé Desmosedici Stradale, équiper une future moto sportive de route, et une version de compétition.
Le nouveau moteur V4 Ducati vient d’être officiellement dévoilé par la marque italienne, juste un jour avant le début des essais du Grand Prix de la Riviera de Rimini (Misano).
Il s’agit ni plus ni moins que du propulseurs qui va remplacer pour 2018 le moteur V2 dit Superquadro des actuelles Suerbike Ducati, les Panigale.
Ces V2 à 90 degrés, expliquent les représentants de Borgo Panigale, ont atteint leurs limites physiques, avec des grosseurs de pistons très élevées pour un Twin sportif. Afin d’obtenir plsu de puissance, notamment, on s’est tourné vers un 4-cylindres. Comme la concurrence active aux côtés de Ducati dans le championnat mondial Superbike.
Seulement nous n’avons pas affaire à un quatre-pattes en ligne, mais, comme chez Aprilia, à un V. Qui plus est, contrairement à Aprilia, à un V dont l’angle entre les deux paires de cylindres est à 90 degrés.
Ce nouveau moteur vient donc casser une sorte de tradition. Tous les moteurs sportifs refroidis par liquide de Ducati étaient en effet des V Twins à 90 degrés, le premier faisant son apparition dans la 851. Puis dans la célèbre 916, dans la 996, et enfin sur les 1098 et sur le modèle le plus récent, la Panigale, qui cube aujourd’hui 1299 centimètres cubes pour la version « routière ».
Ce V4 a été baptisé Desmosedici Stradale. « Stradale », car il équipera une moto qui sera utilisable sur la route. Et « Desmosedici » car sa technique dérive de celle employée par Ducati dans son prototype courrant en MotoGP. Soit un V4 à 90 degrés, avec seize soupapes (« sedici » en italien) actionnées de manière « desmodromique », comme dans tous les moteurs Ducati.
Desmodromique signifie que le mécanisme de rappel (de fermeture) des soupapes ne s’effectue pas par le biais de ressorts, ni de valve hydrauliques, mais de manière entièrement mécanique, grâce à deux leviers crochés l’un dans l’autre, ayant une forme très spécifique. Aux débuts de l’histoire de la marque, cela permettait d’atteindre des vitesses de rotation du moteur élevées sans pertes mécaniques. C’est toujours le cas aujourd’hui, même si les autres constructeurs ont trouvé d’autres techniques pour atteindre le même but.
Mais ce système « desmo » est vraiment LA caractéristique qui fait que le nouveau moteur reste un Ducati dans l’âme. En plus de l’angle à 90 degrés entre les bancs de cylindres, qui a pour avantage d’éliminer un certain nombre de vibrations parasites lorsque le moteur tourne.
Pour les geeks, on rappelle que feu la Desmosedici, une machine routière produite en série très limitée de 2007 à 2008, possédait ces mêmes caractéristiques, et dérivait elle aussi du prototype MotoGP de l’époque. Elle était moins puissante (voir plus bas) et moins sophistiquée.
Il y aura aussi des cornets d’aspiration de hauteur variable, pour garantir un bon remplissage en air du moteur à tous les régimes de rotation.
On nous annonce quelques chiffres à propos du Desmosedici Stradale. Il devrait développer une puissance maximale dépassant les 210 chevaux (155 kW) à 13000 tours par minute. C’est nettement plus que l’actuel Superquadro dans sa configuration routière. Le couple maximal n’es pas (encore) spécifié. On nous dit juste qu’il se situe au-dessus de 120 Nm entre 8750 et 12250 tours. Ce qui n’est pas nettement plus que ce que produit le Twin Superquadro. Mais on attend les chiffres définitifs.
La cylindrée est d’exactement 1103 centimètres cubes. Pour la version routière. Ducati affirme qu’une autre version sera utilisée, d’ici probablement 2019, pour la machine de compétition, qui aura « un peu moins de 1000 centimètres cubes ». Cela correspond en effet aux limites imposées par le règlement du mondial Superbike pour les moteurs 4-cylindres.
Une autre nouveauté dérivée du MotoGP est la présence d’un arbre moteur (vilebrequin) dit contra-rotatif. Autrement dit, il tourne dans le sens contraire de celui des roues. Cette technique, adoptée par de nombreux constructeurs en MotoGP, et par MV Agusta pour des motos de série, permet de fortement diminuer l’inertie due à la force gyroscopique des roues. Ce qui du coup permet de changer plus facilement de trajectoire, mais limite aussi les levées de roue avant à l’accélération et celles de la roue arrière au freinage. Ca promet.
Intervalles de service inchangés
Enfin le calage du nouveau moteur (vilebrequin, allumage) sera de type « Twin Pulse », qui se rapproche dans son comportement et sa sonorité de ce que fait un V Twin à 90 degrés. Là aussi, on garde un peu de l’âme des ancêtres.
Enfin le moteur est livré avec des capteurs qui permettront l’utilisation du système Ducati Quick Shift – changement de rapport assisté, sans devoir débrayer manuellement, en montant comme en descendant ces rapports – et ses intervalles de service ne changeront pas, malgré l’augmentation de performances. Toujours 24000 km entre deux grands services.
La nouvelle Panigale qui utilisera ce Desmosedici Stradale sera elle dévoilée à Milan début novembre, juste avant l’édition 2017 du salon international de la moto EICMA.