La Sport Glide, ou la Harley modulable, de cruiser à (presque) tourer

Publié le 30 janvier 2018 par Jérôme Ducret, mis à jour le 16 septembre 2021.

Photos: Alessio Barbanti.

Test Harley-Davidson

La Sport Glide, ou la Harley modulable, de cruiser à (presque) tourer

Nous avons pu essayer sur les routes tour à tour ensoleillées et noyées de Ténériffele dernier arrivé dans la famille des nouvelles Softail: la Sport Glide. Dotée d’un gros réservoir, d’un pare-brise et de valises amovibles, elle mise sur une certaine polyvalence, sans atteindre la sophistication des Ultra Limited et des Street Glide et Road Glide.

Faisons les présentations avant de nous lancer dans un compte-rendu de test complet. Voici donc la Sport Glide, ou la Harley modulable. C’est un nouveau modèle apparu dans la toute nouvelle famille des Softail. Ce qui veut dire une série de motos qui ont l’air de ne pas avoir de suspension à l’arrière, et d’être dotées d’un cadre rigide. Comme dans le temps jadis. Cela n’est bien sûr qu’une apparence, puisque les tout nouveaux châssis (eux aussi) de ces Softail dissimulent un amortisseur unique sous la selle. Et la Sport Glide amène une idée elle aussi nouvelle dans cette famille: la modularité. Elle est tout à tour cruiser, réduite à l’essentiel, ou mini tourer, avec des valises et un pare-brise.

A vrai dire, l’idée n’est pas complètement inédite chez Harley. Il y a déjà eu dans la gamme des gros twin américains un cruiser équipé avec des valises et une bulle qu el’on pouvait enlever en un tour de main. Il s’appelait Switchback, et c’était un membre de la famille Dyna. Famille qui a disparu pour 2018 et qui présentait des trains arrière avec deux amortisseurs bien en vue. Mais bref.

Sport Glide, ou la Harley modulable
La Dyna Switchback, avec l’ancien moteur 103.

A Milwaukee, siège de Harley-Davidson, on n’aime pas trop comparer la nouvelle Sport Glide avec l’ancienne Switchback. Cette dernière est jugée mal aboutie.

Test sous la pluie, la neige et le soleil

Alors on se concentre sur la nouvelle venue, que nous avons pu mettre à l’épreuve sur environ 150 kilomètres au large de l’Afrique. Sur la côte ouest de l’île espagnole de Ténériffe, au pied du volcan Teide, la plus haute montagne d’Espagne! Et par une météo terriblement capricieuse, ce qui nous a donné l’occasion, pour une fois, de voir comment les pneus et le pare-brise se comportaient sous une pluie battante et par un froid marqué – avec même un soupçon de neige. Tout comme sur une asphalte bien sèche et sous un soleil de plomb.

Tout d’abord, le moteur. C’est un Milwaukee-Eight 107 (pour 107 cubic inches, ou pouces cubiques, unité de mesure américaine) en version 1745 centimètres cubes. Il propulse également la totalité de la nouvelle (pour 2018) famille Softail de Harley-Davidson. Ce qui inclut la Slim, la Deluxe, la Low Rider, la Street Bob, la Fat Bob, la Fat Boy, la Breakout et l’Heritage Classic. Et c’est aussi le Milwaukee-Eight que l’on retrouve dans toute la famille Touring: Street Glide, Road Glide, Road King, Ultra Limited…

Sport Glide, ou la Harley modulable
Le moteur Milwaukee-Eight, dans sa version 107 ci (1745 cc). Et avec les lignes d’échappement propres à la Sport Glide.

Dans la horde des Softail, le 107 est monté de manière rigide dans le cadre de la moto et il peut se vanter de deux balanciers d’équilibrage qui suppriment un certain de nombre de vibrations. Désagréables pour de nombreux clients avérés ou potentiels, essentielles pour certains fans le marque. Des goûts et des couleurs. Mais au moins, les rétroviseurs de la nouvelle Sport Glide sont utilisables au ralenti et à l’arrêt avec le moteur qui tourne.

Le Milwaukee-Eight 107

Sinon, ce « Big Twin » américain ne manque à notre avis pas de punch. Ni de caractère. Il pousse fort, dès que l’on quitte le ralenti – qui se situe très bas, vers 880 tr/min. On entend bien la sonorité de l’échappement, et la pulsation caractéristique d’une Harley, mais moins le cliquetis de grosse machine à coudre propre aux bicylindres Harley moins récents.

Sport Glide, ou la Harley modulable
Les valises et le pare-brise ont disparu!

On l’a dit, la Sport Glide est transformiste. Nous avons fait l’essai. Il suffit de quelques secondes pour déclipser le petit saute-vent. Ce dernier n’est pas sans rappeler le « Batwing » de la Harley Street Glide. Et c’est bien sûr voulu. Il ne faut pas plus de temps pour enlever les deux valises rigides noires – il n’y a pas d’autre « couleur ». Et nous voici face à un cruiser au style visuellement authentique. C’est assez convainquant. Mais la position de conduite n’est cependant pas extrême. Les pieds sont positionnés en avant, certes, mais pas trop. Et l’ensemble guidon-selle fait que l’on se tient droit, sans pression sur les lombaires ni les bras qui tirent.

Sport Glide, ou la Harley modulable
Avec ses valises et le saute-vent, la Sport Glide est tout aussi agile que sans.

Nous avons eu droit à de nombreux lacets sur les routes secondaires de l’île. La Sport Glide, qui a reçu comme ses soeurs au nouveau châssis dit Softail, s’en tire très bien.

Un train avant costaud

Ce châssis, en acier, est plus léger, et en même temps plus rigide et plus flexible où et quand il faut. Les suspensions sont aussi montées en gamme. Notre modèle de test est l’une des Softail (avec notamment la Fat Bob, lire notre test) à pouvoir s’enorgueillir d’une fourche télescopique inversée de bon diamètre à l’avant. Et l’arrière est donc assuré par le nouveau mono-amortisseur de tous les Softail 2018.

Sport Glide, ou la Harley modulable
Un seul disque de frein, mais le train avant est solide.

Le verdict est favorable. La moto est stable, quelle que soit la vitesse. Elle est aussi assez agile quand on veut resserrer ou élargir le virage. On peut si on le désire freiner tard et lancer l’engin à gauche ou à droite, presque avec désinvolture, puis réaccélérer aussi sec. Seul bémol, mais il est prévisible: avec plus de 300 kilos en ordre de marche et un empattement conséquent, ce n’est pas une sportive. Elle vous demandera donc un peu d’effort si vous vous trouvez dans une petite courbe qui se referme. Typiquement, une épingle. Mais c’est sans commune mesure avec par exemple une Road King.

Quand ça frotte, ça ne crisse pas

Les cale-pieds ne frottent que rarement en virage. Quand ils ont décidé de le faire, c’est sans les horribles crissements produits par les platine repose-pieds de certains autres modèles (Heritage Classic, par exemple, lire notre test).

Sport Glide, ou la Harley modulable
Le phare avant, à LED, adopte la signature typique de certains modèles de la famille Softail 2018. Les clignotants ne sont pas chromés. Il faut bien que le catalogue des accessoires serve.

Le freinage, très correct, mériterait sans doute un second disque sur la roue avant. Il bénéficierait aussi d’un levier au guidon avec un peu plus d’excursion. Et surtout d’une pédale de pied mieux positionnée. Pour l’utiliser efficacement, il faut placer la pointe de sa botte dans une position pas très naturelle, tordue vers l’intérieur. On précise que l’ABS se déclenche très, très vite sur revêtement gras ou mouillé, même à l’avant.

Sport Glide, ou la Harley modulable
La console sur le réservoir est équipée d’une fenêtre digitale avec des inscriptions blanc sur noir bien lisibles.

C’est aussi convainquant côté confort et qualité d’amortissement. Dans le trafic semi-urbain des villages à flanc de montagne, la Sport Glide ne vous démolit pas le dos. On peut descendre relativement bas dans les tours, et actionner l’embrayage quand cela devient cahotique. Le levier manuel est facile à actionner, il ne demande pas une force excessive. Mais son écartement n’est pas réglable. On attribue au passage un bon point à la béquille latérale, plus courte et nettement plus facile à descendre et remonter que sur les Softail et Dyna précédentes.

La Sport Glide, ou la Harley modulable

Si l’on veut cruiser sur de longues distances, c’est donc possible grâce à une ergonomie bien étudiée. Et grâce aussi au réservoir d’essence qui vous laisse environ 300 kilomètres avant d’atteindre ses limites.

Sport Glide, ou la Harley modulable
Ca se manie à la main – de préférence avec un gant – et cela permet d’augmenter ou de diminuer la précharge de l’amortisseur arrière. Pour l’adapter au chargement de la moto.

Remettre le saute-vent en place n’est pas compliqué. On doit cependant écarter un peu la forêt de câbles qui peuple le côté gauche (depuis la perspective du pilote) du cockpit. Et réattacher les deux valises imperméables et rigides n’est pas non plus insurmontable. C’est même plus facile que sur les modèles de la famille Touring. Par contre, n’espérez pas emporter de volumineux bagages. Ces malettes sont étroites. Mais une fois ouvertes, elles restent en place grâce à des vérins. Bien vu.

Quand vous aurez fait le plein de choses à manger pour le pic-nic, vous pourrez augmenter la précharge de l’amortisseur arrière. Et à la main, je vous prie, par le biais d’une molette noire placée à droite dans le sens de la marche. Cela ne demande pas beaucoup de force et cela change vraiment la situation en quelques clics.

Sport Glide, ou la Harley modulable
Dans le coloris Silver Fortune.

On ne remarque pas de différence avec ou sans les valises quand on roule. Même à bonne vitesse.

Cruise Control au top

Le saute-vent, lui, fait une petite différence sur autoroute, en enlevant une part de la pression de l’air. En cas de pluie, pas de miracle, cependant, ce n’est pas une Ultra Limited. Et comme ses soeurs Softail, la Sport Glide vous offre un cruise control (un tempomat pour ceux qui ne maîtrisent pas le dialecte américain). Il fonctionne à merveille, et est adaptatif et intuitif. Enfin le tableau de bord mêle avec brio tradition et modernité. On a à la fois un tachymètre analogue à aiguille et une fenêtre digitale bien conçue et lisible même sous le soleil.

Si l’on veut plus de protection et une meilleure assise pour le passager, il faudra se fournir dans la liste des accessoires officiels. Ou bien sûr se tourner vers un vrai tourer, que la Sport Glide n’est officiellement pas censée être. Notamment parce que la portion de selle réservée audit passager est congrue. Et il n’y pas de poignée de maintien.

Alors, la Sport Glide, ou la Harley modulable, mieux que la Switchback? D’un point de vue dynamique, cela ne fait aucun doute. Le reste est affaire de goût.

Galerie photo

Article à paraître sous une autre forme dans le magazine Moto Sport Suisse

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