« Nous voulons contaminer les visiteurs de Swiss-Moto avec le virus moto »
Yves Vollenweider, 44 ans, directeur du salon-expo Swiss-Moto à Zürich, parle de l’édition 2019, du rôle que peut encore jouer ce genre de manifestation dans un qui se virtualise et de la présence romande à l’expo nationale de la moto et du scooter.
Son voeu le plus cher, c’est de « contaminer » les visiteurs de Swiss-Moto. De leur refiler le virus de la moto, dit autrement et peut-être plus positivement. Yves Vollenweider est le patron du salon national Swiss-Moto depuis déjà une dizaine d’années. A la tête d’une toute petite équipe de deux personnes, qui passe à sept quand on se rapproche de l’événement, puis à beaucoup plus durant les cinq jours (avec la journée de presse) que dure le seul salon suisse de la moto et du scooter où l’on retrouve toutes les marques de motos, de scooters et d’équipements, ainsi qu’un salon dans le salon consacré à l’univers du customizing, de la personnalisation, en français dans le texte.
Le directeur Vollenweider, que nous avons interviewé fin janvier dans les locaux de la « Messe » (où a lieu Swiss-Moto) à Zürich, est un motard. Cela ne va pas forcément de soi, alors autant le dire! Il se souvient avoir débuté comme mécanicien moto, dans un garage. Il a ensuite oeuvré chez un distributeur, dans le secteur des pièces, puis s’est vu confier la responsabilité d’organiser la présence de ce distributeur… à Swiss-Moto! Puisil a migré BMW Motorrad Suisse, où il était responsable du marketing. Avant d’intégrer la petite équipe de Swiss-Moto.
ActuMoto: quel peut selon vous être le rôle d’un salon comme le vôtre quand les personnes intéressées à cet univers ont déjà tout à disposition en ligne?
C’est une question à la mode (ndlr: il sourit). Bien sûr, ceux et celles qui s’informent dans les journaux ou sur les publications en ligne, ou sur les réseaux sociaux ont probablement déjà vu les nouveautés, qui ont par ailleurs été montrées pour la plupart dans les grands salons européens d’automne, à Milan ou à Cologne. Mais là. ils ont la possibilité de toutes les voir au même endroit en Suisse, de s’asseoir sur la selle, de les toucher… Surtout, je dirais que Swiss-Moto, c’est un salon, mais c’est aussi bien plus. La moto est un objet de loisir, de plaisir, en plus d’être un moyen de transport. Et cet objet provoque des émotions, fait découvrir des sensations. C’est surtout cela que nous voulons faire éprouver à notre visiteur, d’où qu’il vienne. Il s’agit de créer une atmosphère, un univers dans lequel il puisse s’immerger. On pourrait aussi dire que notre but est de contaminer ce visiteur, de lui faire attraper le virus de la moto. C’est pour cela que chaque année nous avons de nouveaux points forts, de événements qui se passent à Swiss-Moto. Et si cela ne fonctionnait pas, nous n’aurions pas régulièrement plus de 70000 visiteurs sur les quatre jours. Et il n’y aurait pas le public qui se masse devant les portes le premier jour en attendant le feu vert pour entrer.
Donnez-nous des exemples de ces nouveaux points forts
Cette année, nous avons une exposition unique consacrée à celui qui est de fait le plus grand pilote moto que la Suisse ait jamais connu, Luigi Taveri, décédé l’an dernier. Nous avons pu réunir un grand nombre de documents uniques, avec l’aide de sa famille, en particulier de sa veuve. Il y a notamment des films encore très peu diffusés. Nous avons aussi une exposition spéciale intitulée « La Suisse, paradis de la moto ». Nous aurons une carte géante de la Suisse, sur 200 mètres carrés, que l’on pourra regarder aussi en réalité augmentée pour y découvrir un certain nombre de détails et de jolies routes. Cette exposition se fait en partenariat avec Suisse Tourisme et l’association du Grand Tour de Suisse. On pourra y voir tous les cols alpins, par exemple. Et l’association des motos anciennes amène plusieurs exemplaires de constructeurs suisses qui ne sont plus en activité, au premier rang desquels le Jurassien Condor. Je pourrais encore vous parler des motos très spéciales qui sont montrées dans le cadre du Swiss-Custom show, dans les mêmes locaux et aux mêmes dates que Swiss-Moto, de la présence de nombreux pilotes d’envergure, de la course des célébrités – dont Dominique Aegerter – sur des Pocket Bikes dans notre « Swiss-Moto Drom », tout en haut, dans la halle 7.
Swiss-Moto est-il vraiment un événement national? Quel est le pourcentage de visiteurs romands?
Si on ne parle que des visiteurs, on a ces dernières années un taux assez stable de Romands, juste au-dessus de 10% du nombre total de visiteurs. Ce ne paraît pas énorme, mais en chiffres cela fait près de 10000 personnes, ce n’est pas rien. Nous aimerions en avoir plus, évidemment, et nous faisons des actions dans ce sens, avec nos moyens qui sont malgré tout assez limités. Une année, nous avions tenté la publicité dans les bus genevois. Ce qui n’a pas fondamentalement changé les choses. Et nous cherchons des partenariats avec des médias romand, comme le vôtre, qui fait un précieux travail d’information. Comme aussi des radios régionales, mais dans ce dernier cas, il n’y a jusqu’ici pas eu de grand intérêt à ce genre de relation commerciale. Si on regarde les choses du point de vue des exposants, il faut rappeler que certains grands exposants ont leur siège en Suisse romande, comme par exemple Suzuki ou Honda. Et il y a tout de même régulièrement des customiseurs, pas beaucoup c’est vrai, mais ils sont là, qui viennent de Suisse romande pour exposer dans l’enceinte de Swiss-Custom ou pour concourir au show avec leur création.
Que pensez-vous des autres salons moto en Suisse?
Les manifestations à caractère régional ont je pense leur raison d’être, elles permettent une plus grande proximité entre les représentants locaux de la branche moto et leur public. Je ne vois par contre pas de possibilité réaliste pour un second salon à caractère supra-régional, voire national. Le monde suisse de la moto est un petit monde, et il dépense de l’argent, investit du temps et de l’énergie pour faire vivre cette passion qu’est la moto auprès du public en général, des clients en particulier. Il n’y a tout simplement pas, ou plus de ressources disponibles pour avoir deux très grands salons annuels en Suisse.
Pourquoi ne peut-on acheter que très peu de choses à Swiss-Moto?
Cela concerne surtout les équipements moto. C’est une question de déontologie, et de choix aussi. Nous voulons garder une certaine qualité à ce que nous montrons, à ce que nos exposants montrent et font. Cela ne doit pas devenir un bazar pour des gants et des casques soldés! Les émotions de que l’on aime éprouver à Swiss-Moto n’ont rien à voir avec cela.
Avez-vous beaucoup de nouveaux visiteurs chaque année?
Selon nos propres chiffres, nous avons un pourcentage de plus de 20% de visiteurs qui viennent pour la première fois. C’est ce que nous avons constaté l’an dernier, et ce pourcentage est en hausse depuis quelques années. Les gens qui viennent à Swiss-Moto conduisent pour la plupart soit une moto, soit un autre véhicule.
Que conseillez-vous pour ceux qui viennent pour la première fois?
Il y aura beaucoup à voir et à faire. Pour faciliter la navigation dans les halles, on peut télécharger la nouvelle appli Swiss-Moto, dont l’ergonomie a été repensée. Et je ne saurais trop conseiller à ceux qui ne viennent pas en moto, s’ils le peuvent, d’emprunter les transports publics. A Zurich, c’est très facile, on peut prendre le tram ou le train régional depuis la gare centrale, par exemple. Sinon nous avons un système de parkings avec si nécessaire navettes quand le parking le plus proche est plein. Ce qui arrive assez vite.
Animations sur le stand ActuMoto
Vous pouvez aussi lire notre présentation de l’édition 2019, ou aller chercher d’autres infos sur le site web de Swiss-Moto. Et nous rendre visite sur le stand ActuMoto, A26, en halle 2; il est situé entre les stands des importateurs Triumph, Suzuki, Indian et Harley-Davidson. Votre magazine moto en ligne préféré vous a par ailleurs concocté de belles rencontres sur ce stand, sous le thème du rallye-raid. Vendredi après-midi, le pilote genevois Hugo Lopes sera ainsi là avec sa moto pour partager son aventure au Dakar 2019. Samedi après-midi, ce sera au tour d’un autre pilote résidant en Suisse, le Vaudois Nicolas Brabeck-Letmathe, qui parlera lui aussi de son Dakar 2019. Le même jour, le Neuchâtelois Nicolas Monnin viendra parler de son projet Team Suisse Dakar, qui consiste à mettre sur pied une structure facilitant la participation de pilotes venus de Suisse aux grands rallye-raids comme le dakar sud-américain. Il apportera une Husqvarna Enduro transformée en moto de rallye par le Garage des Damiers vaudois.
Enfin dimanche, on aura l’occasion d’évoquer un autre Dakar, celui qui reliait l’Europe au continent africain, dans les années 1990′. Olivier Monnier, directeur et fondateur du Centre pédagogique romand de pilotage (CPRP) à Moudon, sera sur notre stand l’après-midi avec « sa » moto. Une Monnier-Honda avec laquelle il a terminé quinzième du Paris-Dakar.
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