Si on veut une moto neuve, il faut de la patience
La pandémie a des effets secondaires inattendus qui retardent l’arrivée des modèles produits notamment en Asie. Le prix du transport par mer a en effet tendance à prendre l’ascenseur et les capacités sont insuffisantes pour répondre à la demande. Un état de fait qui vient s’ajouter à un redémarrage parfois hésitant de la production. Résultat? les motos arrivent au compte-goutte en Suisse.
Trouver une moto neuve, ces derniers mois et semaines, en Suisse, relève presque du parcours du combattant. On a un paradoxe qui est que la demande est très forte depuis le début de la pandémie, au printemps 2020, et que par contre l’offre se réduit, surtout en ce début d’année 2021. Quand on se rend chez un concessionnaire, on apprend ainsi, si la moto ou le scooter que l’on veut n’est pas directement disponible chez lui, en vitrine ou dans le stock, qu’il va falloir s’armer de patience…
Et comme on est sans doute beaucoup plus patient si l’on sait pourquoi il faut l’être, voici quelques éléments d’explication que nous avons pu obtenir de la part des différents importateurs. Tous disent à peu près la même chose, à des degrés divers. Voici en tout cas la version de Freddy Oswald, de Fibag SA, l’importateur de la marque japonaise Kawasaki.
« Le premier problème est que les stocks de motos en Europe sont très bas, car au printemps dernier, pendant le premier lockdown dû à la pandémie de coronavirus, les usines ont presque immédiatement arrêté de produire ou de livrer, plus encore un stop des ventes et des achats pendant quelques semaines à quelques mois, explique Freddy Oswald. A cause de ces deux facteurs, certains fournisseurs ont dû licencier. Puis, en été et aussi en automne, la demande a fortement et rapidement augmenté, entre autres parce que les clients potentiels n’ont pas pu aller en vacances dépenser leur argent comme d’habitude et cherchaient une autre activité possible dans leur pays. Pour la Suisse, il y avait aussi le fait que 2020 était la dernière année pour l’accès direct à un gros cube, dès 25 ans, sans passer par une moto limitée à 35 kW de puissance. Et donc les fournisseurs n’ont pas pu ré-engager suffisamment de personnel dans un délai aussi court. »
Il ajoute que, depuis déjà la deuxième moitié de 2020, il y a la problématique, pour les motos et scooters, produits en grande partie en Asie, du transport par mer. Les containers étant vides en Europe, les transporteurs du fret maritime rechignent à faire des voyages à vide improductifs, et il n’y a pas assez de containers disponibles en Asie pour le transport de marchandises à destination de l’Europe. La demande de biens et de produits venus d’Asie, pour les fournitures de maison, l’électronique de loisirs, etc. a elle aussi grandi en Europe et aux Etats-Unis durant toute l’année 2020, et cela a un impact sur le fret maritime. On ajoute au passage que les marchandises venant des Etats-Unis et ayant l’Europe pour destination sont confrontées aux mêmes problèmes.
Ce problème de transport ne s’est pas résolu en début d’année 2021, lorsque les marques étaient censées livrer leurs nouveautés. En plus, le personnel dévolu à la manutention des containers dans les principaux ports s’est trouvé dépassé lui aussi. Et les prix du transport maritime ont pris l’ascenseur. Un phénomène que l’on a aussi constaté pour le transport aérien. Et tout cela explique pourquoi les livraisons se font au compte goutte. Il faut donc s’armer de patience si l’on veut une moto neuve (ou un scooter).
La situation est un peu meilleure pour les marques qui produisent en Europe, car on n’a pas, avec le transport par camion et par rail, ce goulot d’étranglement dû au transport maritime. Mais là aussi, il suffit de peu de choses pour tout faire dérailler: un état de stock des composants momentanément insuffisant peut tout compromettre. N’oublions pas que nombre de ces composants, notamment électroniques, viennent eux aussi d’Asie.
« Pour Kawasaki, j’ajoute que le succès énorme des modèles Z650 et Z900, en Suisse, et ailleurs, a dépassé les capacités de production de la marque, continue Freddy Oswald. Et comme il faisait déjà beau et chaud en février, cela a à nouveau poussé la demande. »
Chez Triumph Motorcycles, l’année 2020 a été folle. « Historiquement Triumph a toujours vendu entre 1400 et 1600 motos par an, et là sur 2020 on a immatriculé un peu plus de 2000 motos », détaille le Country Manager pour la Suisse Yannick Freymond.
Et les livraisons continuent à se faire à flux (très) tendus depuis le début de l’année 2021, toujours selon Yannick Freymond. Il faut savoir que la marque anglaise réapprovisionne et adapte sa production quasiment mois par mois, et a réalisé depuis le mois de juillet 2020, et jusqu’à ce jour (l’année comptable se termine en juin pour Triumph) son meilleur résultat en Suisse depuis de nombreuses années.
Face à ce succès, les livraisons peinent à suivre, bien évidemment, malgré les efforts conséquents déployés par Triumph pour augmenter la cadence de production, en dépit des obstacles logistiques rencontrés. Les motos de la marque anglaise sont en effet conçues et développées en Angleterre, mais produites en Thaïlande. Il a même fallu rouvrir une ligne de montage en Angleterre pour pouvoir accélérer l’assemblage.
Là aussi, il faudra donc faire preuve de patience si vous commandez une Triumph aujourd’hui, l’attente pourrait bien se prolonger jusqu’au milieu de l’été 2021. Et cela va rester valable en général pour toute moto neuve cette année.
Pour avoir plus d’infos, vous pouvez consulter par exemple le site de Kawasaki Suisse, celui de Triumph Motorcycles, celui de Honda Suisse, ou celui de Yamaha Suisse, de Ducati Suisse, de KTM, de Harley-Davidson, de Suzuki, mais aussi d’Indian Motorcycles, de Husqvarna Motorcycles, d’Aprilia Suisse, de Vespa, de Piaggio, de Sym, de Peugeot, de Kymco, de Moto Guzzi, de Zero Motorcycles (site français), de Brixton (en allemand), de Mash …
Il y a une solution de contournement: acheter des motos italiennes fabriquées à 100% en Italie: Ducati, Moto Guzzi, Moto Moroni et Aprilia
Bonjour et merci pour le commentaire
Mais, car il y en a un: les choses ne vont pas forcément mieux chez les marques italiennes (ou allemande), parce que les composants, tout particulièrement électroniques, doivent bien venir de quelque part. Et en général ce n’est pas d’Italie, ni d’Europe.
Malheureusement
Bonne journée
Jérôme Ducret, rédacteur responsable