Essai du Ruroc Altas 3.0, le casque «instagrammable» ?
Ruroc est un acteur à part dans l’univers du casque moto. La marque anglaise se démarque de la concurrence avec une gamme au design agressif et vendue exclusivement via son site web. Nous avons pu nous procurer l’avant-dernière version de cet intégral en carbone, soit l’Altas 3.0. Petit tour d’horizon, après une saison d’utilisation.
Si vous êtes un addict des réseaux sociaux, vous connaissez forcément la marque Ruroc. Adepte d’une communication digitale massive – et avec le renfort de nombreux influenceurs – Ruroc investit nos écrans. Mais au-delà d’un look affirmé qui semble faire une quasi-unanimité dans la communauté motarde, plusieurs questions se posent. Qu’en est-il de de la qualité réelle du produit? Quel agrément en attendre? Et comment acheter un casque sans l’avoir essayé, ni même vu, au préalable? Pour en savoir plus, nous avons contacté la marque en mars 2021, lors du lancement de l’Atlas 3.0, pour obtenir un exemplaire de test.
C’est le modèle baptisé «Liquid Carbon» qui nous est ainsi parvenu. Cette variante en «simple» carbone recouvert d’une couche de vernis brillant présentait l’avantage d’être colorimétriquement neutre, et donc assortie d’office à (presque) n’importe quelle machine. Parfait pour nos essais futurs.
Techniquement parlant
Le Ruroc Atlas 3.0 est un casque intégral en fibre de carbone T300. Son poids est fixé entre 1400 et 1600 grammes selon la taille choisie et il ne possède pas de visière pare-soleil escamotable. Il dispose de deux prises d’air (au niveau du menton et au niveau du front) et d’une bavette anti-remous.
Pour sécuriser ses casques, Ruroc opte pour un système de fermeture innovant. Il s’agit d’une boucle magnétique Fidlock, qui se veut simple d’utilisation tout en étant aussi efficace qu’un système classique. Il s’agit certainement de l’un des points les plus controversés concernant la gamme Ruroc actuelle. L’ensemble des motard(e)s croisé(e)s sur la route durant la période de test ont émis des réserves quant à leur confiance dans un tel système.
Toujours au niveau de la sécurité, l’Atlas 3.0 est équipé d’un dispositif de retrait d’urgence, qui permet théoriquement aux secours de retirer le casque sans causer plus de dégâts lors d’un accident. L’ensemble des mousses intérieures se retire d’ailleurs facilement.
Pas moins de 24 coloris sont disponibles, ainsi que 9 types de visières.
Les prix s’échelonnent entre 395 et 550 frs selon le coloris choisi, avec deux visières (classique et fumée) livrées d’office. Chaque visière supplémentaire vous coûtera 70 frs, tandis que le système antibuée Pinlock disponible en option sera facturé 30 frs.
En option également, la marque propose un module Bluetooth (baptisé «Shockwave») qui prend place dans un logement à l’arrière du casque. Ce système permet d’écouter de la musique via son smartphone, de passer et de prendre des appels, ou encore de communiquer avec son/sa passager(e) si ce(tte) dernier(e) est également équipée du même système. Nous avons reçu (et donc testé) ce système Bluetooth, qui nécessite de rajouter 175 frs à la facture finale.
Un problème de taille
La stratégie commerciale choisie par Ruroc implique un mode de distribution directe. Comprenez qu’il n’y a pas d’intermédiaire (ni distributeur, ni revendeur) entre la marque et le client. En clair, il n’y a aucun moyen physique de pouvoir essayer le casque pour sélectionner la taille qui vous convient le mieux. Ni même de jauger la finition, les spécificités techniques ou simplement d’être sûr(e) qu’il vous plaît. Il faudra donc estimer votre taille en mesurant votre tour de tête, et surtout en espérant ne pas trop vous tromper.
Selon Ruroc, il est possible de retourner un casque trop petit ou trop grand pour un échange standard. Mais il convient toutefois de prendre en compte les frais d’expédition. Déjà parce que la livraison est facturée 19 frs pour la Suisse, ce qui est commercialement étonnant lorsqu’on sait qu’il s’agit du seul moyen de se procurer ledit casque.
Ensuite parce que le retour vous coûtera au minimum 38 frs, soit le prix pour un colis de moins de 2 kilos expédié depuis la Suisse à destination de la Grande-Bretagne.
L’échange est donc – en effet – possible, mais loin d’être gratuit. Ce qui peut faire réfléchir lorsque, comme notre essayeur du jour, vous vous situez pile «entre deux tailles».
Attention aux délais
Bien que notre cas ne soit pas forcément représentatif d’une expérience d’achat usuelle – car en tant que représentant de la presse, nous ne sommes pas des «clients» au sens premier du terme – il semblait important de mentionner les importants délais constatés. En contact avec la marque dès le lancement du casque au mois de mars 2021, nous n’avons reçu notre exemplaire de test… qu’au mois de septembre de la même année.
Curieux de connaître l’expérience d’autres utilisateurs, nous avons contacté l’un de nos lecteurs, qui avait justement passé commande d’un Atlas 3.0 le 26 mars 2021, lors de son lancement. Son casque ne lui a été expédié que le 16 juillet 2021, pour une réception le 23 juillet 2021.
C’est près de 4 mois d’attente pour recevoir un casque qu’il n’avait ni vu, ni essayé. Il semble que le lancement de la version 3.0 ait en effet été retardé en raison d’un problème de fournisseur.
Il convient de noter qu’à l’heure actuelle, le délai annoncé semble redevenu raisonnable, avec une réception promise dans la semaine suivant l’achat. Plutôt rassurant.
Attention toutefois au délai si la taille devait ne pas convenir. Ruroc ne laisse en effet que 14 jours pour retourner le casque, pour peu qu’il n’ait «jamais été porté» et que le film de protection opaque de la visière n’aie pas été retiré.
Un packaging à la hauteur des espérances
Retour en septembre 2021. L’Atlas 3.0 est enfin là. Et le packaging tient toutes ses promesses. L’emballage est de bonne qualité, avec des matériaux robustes et un design soigné. Oui, on parle toujours du carton, qu’on ose à peine ouvrir tant son design est soigné.
Voilà – peut-être – l’une des pistes concernant le prix relativement élevé des casques Ruroc. Vous n’achetez pas qu’un casque, mais tout l’esprit que la marque veut véhiculer avec ses produits.
Dans le carton, un casque en taille XXL, trois visières (transparente, fumée, Iridium) et un écran pinlock. Deux housses en tissu sont fournies : une pour le casque, la deuxième pour stocker les différentes visières sans les abîmer.
Premières impressions
L’Atlas 3.0 est superbe. Chacun jugera selon ses propres goûts mais pour ma part, j’aime vraiment son style. L’esthétique choisie par Ruroc pour sa gamme «Moto» a le mérite de bousculer quelques peu les codes établis. Sans parler de certains coloris volontairement provocateurs, ce casque dégage une force visuelle digne d’un uppercut.
C’est direct. Droit. Brutal. Il y a dans l’Atlas 3.0 un petit côté «Bad Boy» qui vient directement flatter mon ego d’essayeur mâle sur sa grosse moto. Pas de problème, j’assume complètement. Mais cela ne fait pas tout.
En terme de finition, l’Atlas 3.0 souffle le chaud et le froid. La calotte en fibre de carbone est sublime et la jonction centrale entre les deux demi-coques est d’une symétrie presque parfaite. Le design en lui-même est très abouti, avec un travail particulier effectué sur l’aérodynamique. Mais quelques détails viennent tout de même assombrir le tableau.
Certaines pièces présentent un peu de jeu. C’est notamment le cas au niveau de l’emboîtement des mousses sur la structure du casque. Alors, certes, il ne s’agit là «que» d’une simple pièce en plastique qui ne se clipse pas correctement. Mais voir la structure intérieure (qui retient les mousses sur leur partie haute) se balader sur quelques millimètres n’est jamais de bon augure pour la longévité d’un casque.
Changement de visière
Les différentes visières permettront d’adapter votre casque à votre humeur du jour, et ce très facilement. Le système de fixation présent sur l’Atlas 3.0 est sans conteste le meilleur jamais vu à ce jour. Il suffit de simplement faire pivoter l’attache sur un quart de tour… et la visière est retirée. Le remontage est aussi simple que le démontage, et c’est franchement bluffant.
Les aérations sont multiples, avec une prise d’air au niveau de la mentonnière, une autre au niveau du front et deux petites entrées latérales. Trois extracteurs d’air prennent place sur l’arrière du casque. Mais seule l’aération située au niveau du menton dispose d’un cran de fermeture pour stopper le flux d’air.
Un allié de poids
Qui dit casque en carbone dit légèreté attendue. Pour l’Atlas 3.0, ce n’est pas tout à fait le cas. Avec un poids (vérifié) de 1612 grammes sur la balance, il se situe plutôt dans la marge haute des casques carbone.
Il convient de prendre en compte qu’il s’agit d’une taille XXL, forcément plus imposante que ne le serait une version XS, mais cela fait un peu lourd pour un casque censé apporter un peu de légèreté au pilote.
Pour donner un ordre d’idée, un Shark Spartan GT (en taille XL) pèse 1548 grammes – avec son pinlock et son écran solaire intégré – tandis qu’un Shoei Neotec II pèse 1751 grammes, système de fermeture modulaire inclus.
Avec le Ruroc Atlas 3.0, on est loin des 1250 à 1300 grammes d’un X-Lite 803 RS, par exemple.
Essayage à domicile
Vient le moment fatidique. Celui de la taille du casque commandé. Ayant une grosse tête (non, je n’ai pas dit «la» grosse tête), j’ai sélectionné une taille XXL, qui correspond selon Ruroc à un tour de tête entre 62 et 63 centimètres. Chaque tête est différente, et nous avons tous des marques qui conviennent plus ou moins à nos morphologies personnelles.
J’ai donc opté pour la taille qui me semblait la plus probable.
A l’enfilage, je constate que l’Altas 3.0 en taille XXL est large. Et même un peu trop. Sans que l’on puisse passer un doigt entre l’intérieur du casque et mon front, il y a tout de même un peu plus d’espace que je n’en ai l’habitude.
Clairement, je n’ai pas le même «maintien» qu’avec mes autres casques (en tant qu’essayeur, j’en possède une petite dizaine), mais sans pour autant que mes mouvements de tête ne génèrent la moindre latence.
En clair: si le XXL est (un peu) trop large, il y a de grandes chances que le XL soit (un peu) trop serré. Dans un monde parfait, j’aurais reposé le XXL sur le présentoir du magasin, puis saisi le XL posé juste à côté. Histoire d’essayer les deux tailles consécutivement, pour savoir laquelle me convenait le mieux. Mais avec Ruroc, il faut se contenter du seul exemplaire envoyé, en estimant si la taille inférieure pourrait – peut-être – mieux convenir. Ou pas.
La perspective de devoir renvoyer le casque, alors que le test a déjà pris un sérieux retard, me pousse à me satisfaire de ce modèle XXL. Certes, il ne me serre pas de trop. Mais il offre tout de même suffisamment de maintien et j’estime être en sécurité en le portant: le test peut donc commencer.
A l’usage
Dès l’enfilage, on se sent plutôt à l’aise. La texture des mousses est agréable et leur appui ne donne pas l’impression d’être oppressé. Le champ de vision, vendu par Ruroc comme «l’un des plus larges du marché», est finalement très proche de celui de mon Shark Spartan GT. Mais il offre d’évidence une vision panoramique de premier ordre. Seule la petite excroissance située au niveau du nez pourra en gêner quelques-un(e)s, mais on s’y fait très vite.
L’Atlas 3.0 est un casque très agréable au quotidien. L’ayant reçu au début de l’automne, je l’ai principalement utilisé sur ma Rocket 3 perso, avant de l’emmener sur différents tests à l’étranger dès le printemps suivant.
Mais très vite, j’ai dû renoncer à l’utiliser en hiver. La ventilation performante de l’Atlas 3.0, très appréciable par temps caniculaire, se transforme en un piège sournois une fois les températures redescendues.
L’air froid qui s’engouffre généreusement à l’intérieur du casque vous glace alors le sang, malgré la présence d’une bavette anti-remous. Il est certes possible de fermer l’aération située au niveau du menton, mais pour une efficacité peu prononcée.
De plus, le bouton de fermeture étant situé à l’intérieur de la mentonnière, sa manipulation n’est pas des plus aisées, surtout avec des gants mi-saison. Définitivement, le Ruroc Atlas 3.0 est un casque qui se déguste à la belle saison, si possible au-dessus des 15°.
Une fois sur la route, on prend assez rapidement conscience que l’insonorisation n’est pas le point fort de l’Atlas 3.0. Les longs trajets – particulièrement à haute vitesse sur autoroute – seront à éviter au maximum, par respect pour votre ouïe.
Le constat pour la fermeture via la fameuse boucle magnétique est plutôt bon. Si j’avoue ne pas avoir été rassuré par ce système au départ, il m’a pleinement convaincu au quotidien, avec une utilisation rapide et facile.
La boucle Fidlock a parfaitement joué son rôle durant l’année qu’aura duré ce test, sans jamais provoquer la moindre frayeur à l’essayeur que je suis. Si ce système de fermeture original vous rebute, dites-vous qu’il a passé avec succès les tests relatifs à la norme ECE 22-05, au même tire que l’aurait fait une boucle «Double D».
Les quelques inquiétudes au déballage – notamment au niveau de l’emboîtement des mousses sur la structure du casque – n’ont pas donné lieu à des sueurs froides supplémentaires. Le jeu est toujours présent, mais ne s’est pas aggravé, malgré une utilisation intensive et de nombreux voyages en avion. Globalement, mon Atlas 3.0 a plutôt bien vieilli et peut sans autre rempiler pour une seconde année d’utilisation.
Focus sur le système audio «Shockwave»
Ruroc nous a également fournit un kit audio Bluetooth pouvant s’intégrer à l’Atlas 3.0.
Ce kit, assez léger, prend place dans un logement situé à la base du casque, sur sa partie arrière. Si l’intégration est clairement réussie, on se doute assez rapidement que la manipulation ne sera pas forcément des plus simples. Les boutons sont assez petits, et il faut se contorsionner pour réussir à les actionner.
Le montage du kit audio «Shockwave» est plutôt simple: une fois le module chargé, branché et inséré dans le casque, il suffit de retirer quelques mousses pour installer les écouteurs à des emplacements prédéfinis par des pièces en velcro. Le branchement des écouteurs et du micro est facile, car la connectique qui les relie au module Bluetooth est déjà présente dans le casque, avec des prises de type «Jack» sur chaque côté du casque.
Seulement voilà, la partie du velcro située sur le casque s’est arrachée au premier repositionnement du micro. Pas bien grave, mais frustrant sur un casque vendu 700 frs avec le système «Shockwave». Il est bien sûr possible de recoller ce micro, mais il faut admettre que cela ne cadre pas avec l’image «Premium» mise en avant par Ruroc.
D’autant qu’au cours de notre test, ce système audio n’a jamais fonctionné correctement. Le matériel reçu présentait peut-être un défaut, mais force est de constater que si la connexion entre le module Bluetooth et mon smartphone s’effectuait facilement, le micro refusait de fonctionner. Lors de mes tentatives d’appels téléphoniques, mon interlocuteur ne pouvait pas m’entendre.
Ce n’est guère mieux du côté des haut-parleurs, avec un son de qualité moyenne, des grésillements et surtout un volume maximal trop faible. Il reste beaucoup à améliorer concernant la partie audio pour que Ruroc puisse se hisser au niveau de la concurrence.
Conclusion
Le Ruroc Atlas 3.0 n’est pas un mauvais casque, loin de là. Je concède même être tombé sous son charme rustique, de par l’image qu’il dégage. Il offre à son porteur un look d’enfer, avec des coloris osés qui ne laissent personne indifférent.
Alors, certes, il est un peu lourd. Certes, il est un peu bruyant. Mais son confort reste appréciable, son aération est parfaite lors des hautes chaleurs estivales et son système de dépose de visière est d’une efficacité redoutable.
L’Atlas 3.0 est en définitive l’archétype du casque «Instagrammable»: idéal lorsqu’il fait beau et chaud, idéal pour de courts trajets, mais surtout parfait pour se faire prendre en photo avec et jouer les influenceurs sur les réseaux sociaux.
Reste un inconvénient de taille (pardonnez le jeu de mot): sa commercialisation exclusivement en ligne, qui prive ses potentiels acquéreurs de pouvoir jauger sa finition et, surtout, de pouvoir l’essayer en magasin.
A vous de voir si vous adhérez à cette philosophie. Mais de manière générale, il vaut mieux pousser la porte d’un des nombreux magasins spécialisés (ou concessionnaires) que compte la Suisse romande, pour bénéficier de conseils avisés et choisir le casque qui conviendra le mieux à votre tête.
Nos partenaires de l’Annuaire des professionnels (Motogoodeal et MRPS Racing, à Genève – Moto Boutique, CP Bike et The Royal Racer, à Lausanne, et Aplusmoto à Sion) sauront sans le moindre doute vous apporter leur expertise dans ce domaine… et avec le sourire en prime.